L’alliance de 22 établissements de soins de santé à but non lucratif et de 180 centres ambulatoires avec un assureur (SelectHealth) réussie dans l’Utah par Intermountain Healthcare depuis 1975 serait-elle sur le point de devenir un modèle aux États-Unis ?
« Notre programme intégré de soins qui emploie désormais 33 000 personnes parmi lesquelles 4 500 médecins salariés prend aujourd’hui en charge 1,6 million de patients chaque année, soit 60 % de la population de notre état », a expliqué son président-directeur général, Charles Sorenson, lors d’une conférence de la Chaire santé de Sciences-Po, à Paris. En insistant sur le caractère non lucratif d’Intermountain Healthcare, Charles Sorenson met en avant le réinvestissement systématique des bénéfices dédiés à faire évoluer et améliorer en continu les prises en charge. « Nous atteignons nos objetifs grâce à une bonne coordination et des responsabilités mieux partagées », souligne-t-il.
L’œil rivé sur la facturation
Brent James, responsable de la qualité et des programmes de formation avancée de ce système intégré de soins et d’assurance-maladie, va plus loin. « Les études menées en continu sur la facturation de nos services nous permettent d’y voir plus clair, en particulier sur les 30 000 naissances que nous prenons en charge chaque année ». Pour renforcer la sécurité des patients et renforcer leur efficience, chaque médecin a reçu individuellement ses indicateurs d’activité et les recommandations d’Intermountain, basées sur celles des sociétés savantes pour s’améliorer. « En quelques années le nombre de césariennes a été divisé par deux, représentant une économie moyenne de 50 millions de dollars dans l’Utah, ajoute Brent James. Si la même procédure était appliquée à l’échelle des États-Unis, l’économie possible serait de l’ordre de 6 milliards de dollars par an. »« Ces perspectives nous amènent à nous concentrer sur les 7 % d’activité qui génèrent 90 % de nos dépenses », renchérit Charles Sorenson.
Construction hospitalière et assurancielle
Bert Zimmerli, directeur financier d’Intermountain, confirme qu’il est possible d’offrir des soins de qualité à un coût abordable mais il souligne un paradoxe. « Ces économies à grande échelle génèrent dans un premier temps une baisse de revenus nets pour les établissements hospitaliers, explique l’expert comptable texan. Mais, notre modèle de construction d’un système hospitalier adossé à un plan d’assurance décuple notre capacité de négociation vis-à-vis de nos fournisseurs, en discutant directement avec les industriels qui produisent les traitements les plus efficaces et réduisent les temps d’hospitalisation », poursuit Bert Zimmerli.
La rémunération des médecins a été modernisée tenant en grande partie de leur performance. « Pour que l’équilibre soit durable, nous ne rémunérons pas les médecins à l’acte. Nous réalignons leur salaire sur la valeur ajoutée », ajoute le directeur financier. Cet ajustement repose aussi sur la satisfaction des patients, dont l’avis est systématiquement demandé après les soins. Dans l’Utah, le patient reste avant tout un client pour Intermountain Healthcare, venu faire la démonstration en France des vertus de son modèle devant des directeurs de CHU et des représentants de la Cnam.
Vaccination, soutien aux soignants, IVG : le pape François et la santé, un engagement parfois polémique
« Je fais mon travail de médecin » : en grève de la faim, le Dr Pascal André veut alerter sur la situation à Gaza
Après deux burn-out, une chirurgienne décide de retourner la situation
La méthode de la Mutualité pour stopper 2,4 milliards d’euros de fraude sociale