Sur les routes de l’Eure, trois fois par semaine, c’est un camping-car blanc qui viendra à la rescousse des patients éloignés du soin. Baptisé « Doctobus », ce petit centre de santé itinérant a été inauguré en début de semaine par la communauté d'agglomération Évreux Portes de Normandie : il proposera des consultations de soins non programmés aux 13 000 patients sans médecin traitant de l'agglomération. À bord du Doctobus, six généralistes salariés – dont cinq retraités – se relayeront pour assurer les consultations, avec l'aide d’une assistante médicale chargée de l’accueil des patients et de l’encaissement. Le salaire est de 5 800 euros pour un temps plein de 35 h.
« L’idée est d’apporter de la proximité et du soutien à la médecine de ville », souligne Julien Boscher, directeur de la Maison de la santé d'Évreux, service communal de santé. Alors que l’Eure figure dans le peloton de tête des départements les moins pourvus en généralistes, Guy Lefrand, maire d’Évreux et médecin urgentiste, espère aussi « désengorger les urgences, tout comme les libéraux débordés ».
Bois-le-Roi, Gauciel ou Sacquenville : huit communes de l’Eure seront « visitées » à tour de rôle par le camping-car. Pour autant, les administrés ne pourront pas passer la porte du bus médical à l’improviste. La prise de rendez-vous est possible uniquement par téléphone, après avoir passé le filtre de la secrétaire médicale installée à la maison de santé ébroïcienne – qui réceptionne les appels des patients – puis celui de la cellule de coordination des soins non programmés (CCSNP), un centre de régulation situé à Caen. Les régulateurs sont chargés de proposer un créneau au patient sous 48 heures. Le tout dans un délai adapté à l'état de santé du malade et au planning de route du bus.
Pour mettre en route le Doctobus, fruit de deux ans de travail, la communauté d’agglomération a dû rédiger un projet de santé afin d'obtenir le feu vert de l’agence régionale de santé (ARS), de la caisse primaire et de l’Ordre départemental des médecins. « Il y a quelques années, nous aurions été interdits d’exercice pour médecine foraine », sourit Guy Lefrand. Mais l’agglomération a pu capitaliser sur l’expérience du Médicobus… de l’Orne, lancé en 2020, pour faire accepter son projet. Le fonctionnement du bus de l’Eure – dont le budget est estimé à 200 000 euros cette année, puis 100 000 euros par an – devra être évalué dans les six mois à venir.
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