Jeudi, alors que la manifestation des personnels hospitaliers battait son plein à Paris, le Sénat a brutalement mis fin à l'examen en première lecture du projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2020. La chambre haute, majoritairement à droite, dénonce un « mépris » du Parlement de la part de l'exécutif.
Elle a donc voté le rejet de la partie recettes – troisième partie – puis de l'ensemble du texte (par 281 voix contre, zéro pour et 60 abstentions). Le PLFSS sera examiné en nouvelle lecture au Sénat le samedi 30 novembre et le dimanche 1er décembre, après être repassé par l'Assemblée nationale le 25 novembre. Il retournera ensuite devant les députés le 2 décembre en vue de son adoption définitive.
Ce sont les annonces d'Emmanuel Macron depuis Épernay (Marne) qui ont déclenché l'ire des sénateurs de droite comme de gauche, provoquant un incident parlementaire « exceptionnel », selon le chef de file des sénateurs LR Bruno Retailleau.
Les sénateurs se considèrent comme court-circuités, amenés à débattre d'un texte « obsolète », voire « insincère ». « Ce n'est ni plus ni moins que le mépris du Parlement et du Sénat de la République », a dénoncé Bruno Retailleau. « Si le président de la République pense encore, après l'épisode des Gilets jaunes, qu'il peut se poser en face-à-face du peuple ou de la rue (... ), il connaîtra un grave désenchantement », a-t-il mis en garde.
Fonctionnement « bafoué »
Le plan d'urgence pour l'hôpital promis par Emmanuel Macron sera dévoilé à l'issue du Conseil des ministres mercredi prochain. Soit le lendemain du vote initialement prévu du Sénat sur l'ensemble du budget de la Sécu… « Il est normal que le président de la République s'exprime quand un mouvement social est en cours dans notre pays », a justifié la ministre de la Santé Agnès Buzyn, tout en disant comprendre « l'inconfort » des sénateurs.
« Que le président de la République prenne la mesure du problème hospitalier, c'est une bonne chose (...). Mais pourquoi les mesures n'étaient-elles pas comprises dans le projet de loi qui nous était soumis ? », a interrogé le président du groupe centriste Hervé Marseille. « Le président encore une fois méprise le Parlement », a dénoncé la présidente du groupe CRCE (communiste) Éliane Assassi, tandis que le socialiste Yves Daudigny a estimé qu'il « bafoue notre fonctionnement démocratique ».
Un premier coup de semonce s'était traduit mardi dernier, à l'ouverture des débats, par une suspension de séance de plusieurs heures – les sénateurs reprochant déjà à la ministre de la Santé de les tenir à l'écart des futures mesures, alors que des informations avaient fuité dans la presse le week-end précédent.
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