En pleine pandémie, quatre médecins libéraux* signent un appel pour considérer le système de santé comme « une priorité » absolue et non pas « une variable budgétaire et sécuritaire » et pour faire de la France une « Health nation » au lieu de la « start-up nation » revendiquée par Emmanuel Macron.
« On tape sur les médecins de ville »
« Notre système de santé est au bord du précipice, estiment ces médecins parmi lesquels on retrouve l'ex-président emblématique de la FMF, Jean-Paul Hamon. Nous laissons s'épuiser les soignants de l'hôpital, nos infrastructures sont vétustes, nos lits insuffisants et toutes les personnes qui ont besoin de traitements urgents sont mises en attente. En parallèle, on tape sur les médecins de ville, les fameux libéraux qui sont de moins en moins nombreux et de plus en plus épuisés (...) », se désolent les signataires, qui y voient même « la nouvelle affaire du siècle ».
Après des années de « casse » du système de santé, force est de constater que les choses vont « de mal en pis et qu'on colmate des erreurs de gestion, peut-on lire. Les soignants de l'hôpital ne sont pas des machines : ils sont épuisés et les médecins de ville sont empêchés de leur prêter main-forte. »
Stopper la machine à déficit
Les généralistes et spécialistes signataires exhortent l'État à « nous laisser nous organiser nous-mêmes en équipe » avec les pharmaciens, les infirmiers, les paramédicaux pour « protéger, secourir et soigner ». « Non, l'hôpital n'est pas gratuit, non les médecins de ville ne sont pas payants. Il faut cesser ce discours et revaloriser aux yeux de la population notre profession. Nous sommes tous des soignants ! En 30 ans, tout a été fait par l'État pour casser le fantastique système français », avancent-ils, rappelant le vieillissement des médecins de famille et la désertification médicale qui s'accentue, y compris en Ile-de-France. « Même Paris est un désert médical ! », peut-on lire.
La pandémie serait l'occasion unique de réformer le système de santé tricolore, selon ces médecins en colère. Il convient à leurs yeux de « stopper la machine à creuser le déficit » en concentrant l'hôpital sur les soins lourds et complexes (l'accueil des vraies urgences, les hospitalisations), tout en revalorisant symétriquement la médecine libérale et les soins de premier recours. « Le système doit se tourner vers une collaboration ville-hôpital dans laquelle les libéraux ont les moyens d'apporter une réponse aux soins non programmés, soulignent les auteurs. Il est indispensable de favoriser, dans les cinq prochaines années, l'installation des médecins de ville sur l'ensemble du territoire pour redonner toute sa place à l'hôpital et à la médecine libérale. »
* Dr Jean-Paul Hamon, médecin généraliste, président d'honneur de la Fédération des médecins de France (FMF), Dr Bernard Huynh, gynécologue-obstétricien, président de la branche spécialiste de la FMF, Dr Nathalie Leroy, médecin généraliste, Dr Sylvie Royant-Parola, médecin psychiatre.
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