Bourses anti-déserts, aides à l'installation, soutien aux maisons de santé… les régions et collectivités confrontées au déficit de l'offre médicale ont actionné ces dernières années de nombreux leviers éprouvés pour attirer et fidéliser des praticiens.
Mais certaines misent sans sourciller sur le salariat médical à grande échelle. Carole Delga (PS), présidente de la région Occitanie, candidate à sa réélection, ambitionne de financer – avec l’appui de l’ARS – le recrutement de 200 médecins salariés (et infirmières de pratique avancée) d'ici à six ans. Le Pr Vincent Bounes, son numéro deux sur la liste aux élections régionales, est chargé de porter ce projet. « Nous avons identifié 47 territoires déficitaires, plutôt ruraux où nous souhaitons renforcer la présence médicale », confie le patron du SAMU de Toulouse.
Pour embaucher, rémunérer et conserver ces professionnels dans la durée, la région entend créer une « structure » ad hoc. De l’installation jusqu’aux congés en passant par le logement, cet organisme accompagnera les médecins « pour qu’ils ne s’occupent de rien ». À ce stade, le projet prévoit d’implanter au moins un médecin salarié par territoire déficitaire, en appui des maisons de santé actuelles et futures. Une partie de ce pool médical régional sera mobile pour remplacer les éventuels départs en cas de congé programmé ou de maladie des praticiens installés.
L’équipe régionale espère convaincre des médecins en tout début de carrière, séduits par cette opportunité et le soutien de la collectivité. « Nous ferons un accompagnement très serré de telle sorte que le tissu local puisse les accueillir le mieux possible », assure le Pr Vincent Bounes, sans préciser à ce stade le budget à disposition. « Si on veut attirer et fidéliser les jeunes médecins, il faut bien les rémunérer », promet-il.
Salaire indexé sur la fonction publique hospitalière
Le salariat est déjà au cœur de la stratégie médicale en Centre-Val de Loire. Dans cette région qui compte un habitant sur cinq sans médecin traitant, le président régional s'est engagé dès novembre 2019 à recruter… 150 généralistes à temps plein d'ici à 2025 – répartis dans 30 centres de santé situés dans les zones fragiles. « Mission 100 % médicale », « temps de travail souple », « réseau pluriprofessionnel » : pour recruter ses perles rares, la région a créé en juin 2020 le groupement d'intérêt public (GIP) Pro santé, qui popularise le salariat. Selon Aline Chassine-Deniau, directrice du GIP, sept médecins ont déjà été embauchés. « Ce sont surtout des médecins libéraux de 50 ans qui avaient envie de se libérer d'un certain nombre de charges et de trouver un temps de travail correct », précise-t-elle. Ils travaillent 35 à 39H heures par semaine pour un salaire compris entre 4 500 et 9 500 euros bruts (indexé sur celui de la fonction publique hospitalière).
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes