Installé depuis mai 1996 sur le boulevard Haussmann à Paris, le Conseil national de l'Ordre des médecins (CNOM) va quitter l'an prochain ses locaux prestigieux pour un immeuble moderne et fonctionnel, situé rue Léon Jost dans le 17e arrondissement de Paris. Un déménagement dicté par la nécessité de rassembler en un même lieu tous les salariés (environ 120) et les élus (au nombre de 53), indique un conseiller national. Les équipes ordinales sont en effet actuellement disséminées, lors de la présidence du Dr Michel Legmann (2007-2013), sur trois adresses : au 170, 178 et 180, boulevard Haussmann. Le prédécesseur du Dr Patrick Bouet confirme le déménagement « pour des locaux plus vastes ».
L'idée a émergé courant 2015. Début 2016, des ordinaux visitent l'immeuble du 4 rue Léon Jost. « Une affaire à saisir », jugent-ils alors. Lors d'une session d'avril 2016, l'achat du nouvel immeuble est acté, à l'unanimité des voix du conseil national. Si l'achat a été finalisé, son montant n'a pas été communiqué. « Le calendrier prévoyait un déménagement en mai 2017, se souvient encore le conseiller national, mais il ne sera pas respecté, car des difficultés, liées à la nécessité de désamianter certaines parties des nouveaux locaux, sont apparues. »
Le déménagement ne fait cependant pas l'unanimité. Selon ce conseiller qui souhaite garder l'anonymat, la promesse initiale de gagner de la surface ne serait pas entièrement tenue. La taille du nouveau bâtiment, rue Léon Jost, serait globalement la même que les trois adresses cumulées du boulevard Haussmann. « Tout cela crée des frictions », continue l'élu. Selon lui, nombre de conseillers et de salariés feraient le siège des membres du bureau pour obtenir des arbitrages favorables. « Il y a toujours des mécontents quand il faut se partager des surfaces de bureaux, tempère un autre élu national. Le problème, c'est celui de la répartition. »
Ambiance « pourrie »
Ces informations alarmantes sont cependant corroborées par le témoignage d'un salarié de l'institution. « Tous les élus ont voté pour ce déménagement, assure-t-il, mais quand on leur en parle ensuite, ils disent qu'ils sont contre ». Pêle-mêle, le salarié assure que chaque service se bat pour obtenir quelques mètres carrés supplémentaires, et que des projets initiaux comme une salle de détente ou une cafeteria ont fini par disparaître, faute de place. « On ne pourra même pas garder nos meubles, regrette-t-il, ils sont trop volumineux pour les nouveaux locaux ».
Selon lui, le déménagement est le révélateur d'un problème plus large de gouvernance, « avec un système hiérarchique pyramidal » qui rend difficile la communication entre la base et le sommet. « L'ambiance est tellement pourrie qu'il y a des lettres anonymes qui circulent », assure-t-il. La situation serait telle que le nombre d'arrêts maladie serait en hausse à l'Ordre.
L'Ordre n'a pas souhaité répondre aux questions du « Quotidien », les jugeant prématurées. Il commence à prendre la mesure du problème, reconnaît pour sa part l'élu anonyme. Le secrétaire général du CNOM, le Dr Walter Vorhauer, a mis en place une commission interne pour accompagner salariés et élus dans ce déménagement. L'enjeu est de taille. Le déménagement devrait avoir lieu à peu près au même moment que le prochain congrès de l'Ordre à l'automne 2017.
54 % des médecins femmes ont été victimes de violences sexistes et sexuelles, selon une enquête de l’Ordre
Installation : quand un cabinet éphémère séduit les jeunes praticiens
À l’AP-HM, dans l’attente du procès d’un psychiatre accusé de viols
Le texte sur la fin de vie examiné à l'Assemblée à partir de fin janvier