La ministre de la Santé Marisol Touraine a lancé ce mardi matin une campagne nationale d'information sur le médicament générique (Spot TV et radio, affiches…). Intitulée « Devenir générique, ça se mérite » et réalisée en partenariat avec la CNAM et l'ANSM, cette campagne d'une durée de trois ans vise notamment à renforcer la confiance des patients… mais aussi des professionnels de santé.
La ministre a d'abord salué les progrès réalisés ces dernières années. « En 2016, le taux de prescription dans le répertoire des médicaments génériqués est de 44 %. Nous sommes en progrès, mais nous restons derrière nos voisins européens », a souligné Marisol Touraine. La délivrance des autorisations de mise sur le marché des génériques s'est accélérée et « 120 nouveaux groupes de génériques ont été créés en 2015 et 2016 », poursuit la ministre. Par ailleurs, 7 milliards d'euros ont déjà été économisés en cinq ans grâce aux copies et réinvestis dans les médicaments innovants.
Avec cette campagne qui s'inscrit dans le cadre du plan de promotion des médicaments génériques, le gouvernement souhaite renforcer la prescription des copies en ville mais aussi à l'hôpital et en EHPAD. L'objectif est que la moitié des médicaments délivrés soient des génériques d'ici à la fin 2017.
Niveau de confiance des généralistes de 6,6 sur 10
Selon une enquête BVA* présentée lors de la conférence, 8 Français sur 10 utilisent les médicaments génériques et 93 % en sont satisfaits. Néanmoins, l'information des professionnels de santé et des patients « peut progresser », a estimé la ministre. En effet, le niveau de confiance accordée par les médecins généralistes aux génériques est de 6,6 sur 10. Seuls 47 % des généralistes savent qu'il existe des médicaments génériques anticancéreux et 29 % déclarent savoir que les excipients n'ont pas d'impact sur l'efficacité du médicament.
« Il y a un travail de pédagogie à faire avec les médecins généralistes afin qu'ils soient plus proactifs et pour lutter contre les idées reçues, explique le Pr Pierre-Louis Druais, président du Collège de la médecine générale. Les jeunes médecins prescrivent plus spontanément. De nombreux logiciels permettent de prescrire en DCI, mais pas à l'hôpital. Il faut harmoniser. »
Le « NS » encouragé par les patients
D'autres freins ont également été relevés par le Pr Druais, notamment sur l'usage de la mention « non substituable (NS) ». Les résultats de l'enquête montrent que cette mention NS est encouragée « par l'attitude des patients ». 13 % des sondés déclarent avoir fait la demande, un chiffre qui augmente de six points chez les malades chroniques. « Il y a la pression de patients. Pour certains médecins, il est difficile de dire non aux patients », détaille-t-il. « À terme, notre objectif est que les NS atteignent la limite 0 », précise-t-il.
Pour faciliter la pratique des professionnels de santé, la ministre a rappelé que la prescription de génériques est l'une des priorités du développement professionnel continu (DPC). Le Collège de la médecine générale a rédigé cinq mémos (téléchargeables) sur la bioéquivalence, la sécurité, le contrôle, l'efficacité et tolérance à l'issue de plusieurs tables rondes réunissant médecins et patients. Ils ont été remis aux médecins lors des visites des délégués de l'Assurance-maladie.
Des messages seront diffusés à la radio et des encarts insérés dans la presse pour décliner les thématiques de la campagne. Un spot TV sera également diffusé sur les chaînes nationales à partir du 27 septembre jusqu'au 18 octobre.
* Enquête réalisée par téléphone en février 2016 auprès de 1 005 personnes, 500 médecins généralistes, 500 pharmaciens selon la méthode des quotas.
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