L'arrêt de l'alimentation de la plateforme Sidep par les biologistes médicaux, pour protester contre les 250 millions d'euros d'économies prévues dans le budget de la Sécu 2023, ne sera pas suivi à l'hôpital. C'est ce qu'a indiqué ce jeudi le Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH), après l'annonce, hier, de l'Alliance de la biologie médicale (ABM) de ne plus transmettre les données de dépistage Covid à Sidep.
S'il peut « comprendre » la forte réaction de ses collègues libéraux, le SNBH n’est pas favorable à s’associer à leur mouvement, tout simplement car il « ne participe pas aux négociations avec la Cnam » et considère que « le coup de rabot annoncé ne touchera que très peu la biologie hospitalière ». Alors que l'attractivité du secteur est en berne, le syndicat appelle toutefois « à redonner d’urgence un vrai sens au métier de biologiste » et à revoir le financement de la biologie hospitalière.
« Inacceptable »
Même non suivie dans les établissements publics, l'initiative a agacé en plus haut lieu. Le ministre du Budget, Gabriel Attal, a jugé ce jeudi « inacceptable » cet arrêt d'alimenter le Sidep. « On a la chance d'avoir des biologistes médicaux très engagés dans notre pays et on a eu la chance de les avoir pendant la crise Covid, ils nous ont aidés à résister en réalisant énormément de tests, ces tests leur ont permis d'augmenter leur chiffre d'affaires de 7 milliards d'euros », a-t-il déclaré sur franceinfo, tout en rappelant que les marges du secteur étaient passées « de 18 % à 26 % ».
Le ministre du Budget indique ainsi « assumer » de leur demander « un effort » dans le budget de la Sécurité sociale pour 2023. « Tout le monde fait des efforts (...) dans des secteurs qui ont eu un certain nombre de bénéfices ces dernières années (...) à un moment il faut qu'il y ait une contribution évidemment qui soit apportée », a affirmé Gabriel Attal.
Répartition
De son côté, le directeur général de l'Assurance-maladie Thomas Fatôme a dénoncé une « prise d'otage » du suivi de l'épidémie de Covid « inacceptable au regard du contexte sanitaire et des enjeux de santé publique ». Le patron de la Cnam en appelle « à l’esprit de responsabilité » des biologistes sur les territoires.
L'Assurance-maladie indique par ailleurs que les 250 millions d'euros d'économies prévus pour 2023 pourraient se répartir entre les actes de biologie courants (à hauteur de 200 millions d'euros) et les tests Covid (à hauteur de 50 millions d'euros). « Le quantum des économies qui pourrait être appliqué les années suivantes n’a pas encore été discuté avec les représentants », rectifie la Cnam, alors que la profession déplorait une baisse actée annuellement jusqu'en 2026.
Double peine
Malgré cette mise au point, le réseau « Les Biologistes indépendants », par ailleurs membre de l'ABM, rappelle que ses laboratoires (surtout implantés en milieu rural) ont réalisé « deux fois moins » de tests Covid que les groupes financiarisés et vivent l'économie demandée « comme une double peine ».
« Les biologistes indépendants ne représentent plus que 35 % de la biologie française, alors qu’ils assurent un maillage territorial vital pour nos concitoyens », conclut le regroupement de laboratoires.
Article modifié le 27 octobre 2022 à 16 h 30, pour ajouter la réaction de l'Assurance-maladie.
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