Rassuré mais pas rasséréné, le monde médical salue en chœur l’élection d’Emmanuel Macron, ce 24 avril, avec 58,5 % des voix, sans pour autant faire l’impasse sur le bilan du président et les chantiers à venir.
Côté hôpital, Action praticiens des hôpitaux (APH) affirme « prendre acte » de la réélection d’Emmanuel Macron. Tout en félicitant le locataire de l’Élysée, les praticiens hospitaliers ne manquent pas de rappeler que « depuis cinq ans, l’insécurité sanitaire gagne du terrain, les déserts médicaux s’étendent, les maltraitances et les souffrances s’installent ». Une « évidence » pour l’APH, pourtant « niée par une gouvernance aveuglée par les concepts de rentabilité et d’équilibre financier intenables ».
Mise en garde des hospitaliers
Alors qu’Emmanuel Macron a martelé à plusieurs reprises vouloir « changer de méthode », l’APH souhaite que les représentants syndicaux soient réellement « les partenaires des changements qui s’imposent si les conditions d’un dialogue social digne de ce nom sont remplies ».
Démocratisation de la gouvernance des hôpitaux, revalorisations de la permanence de soins, « nous demandons au président des mesures urgentes pour restaurer l’attractivité pour l’hôpital », souligne les praticiens hospitaliers, faute de quoi ils promettent une mobilisation certaine et « d'être à côté de toutes celles ou ceux qui luttent pour faire entendre leur souffrance et dénoncer les insuffisances des décisions politiques ».
« Des réponses dès aujourd’hui »
Tout aussi « mitigé » sur le bilan Macron, le SNPHARE adresse au président fraîchement élu une lettre d’admonition, reprenant les mots prononcés au Champ-de-Mars : « ce nouveau quinquennat vous oblige monsieur le président ». Alors que l’hôpital est « exsangue » et le Ségur « insuffisant », « le sujet de l’hôpital public et de l’organisation du système de santé en France, ont été sortis du débat des présidentielles, en dehors d’un saupoudrage de pseudo-solutions pour les déserts médicaux », regrette le SNPHARE. Comme l’APH, le syndicat exige « des réponses dès aujourd’hui » pour l’hôpital et enjoint le président « de toute urgence de réanimer un dialogue social constructif, et non de façade » autour de la qualité de vie des PH.
Plus concis, l’Intersyndicat des praticiens hospitalier (INPH) appelle surtout Emmanuel Macron à ouvrir le volet 2 du Ségur, « tant attendu » pour refonder le système de santé.
Dans un tweet, Frédéric Valletoux, président de la Fédération hospitalière de France (FHF) et soutien d'Emmanuel Macron pendant la campagne a salué pour sa part « l’exploit » du chef de l’État et espère « la poursuite des réformes volontaristes ».
Réélu ce soir pour un second mandat, @EmmanuelMacron a réussi cet exploit. Celui-ci sera d'autant plus grand si les #5ansdeplus marquent un nouvel élan d'écoute des #Français et de poursuite des réformes volontaristes. La clé sera une majorité unie, solide et rassembleuse. pic.twitter.com/IgiFxccVut
— Frédéric Valletoux (@fredvalletoux) April 24, 2022
Les libéraux veulent réformer l'accès au soin
À la ville, les confrères aussi attendent la mise en place d’actions rapides par le nouveau gouvernement. Après avoir salué la réélection d’Emmanuel Macron, Les libéraux de santé appellent ainsi le président à « l’ouverture sans tarder du chantier des soins de ville » pour faire face au défi de l’accès au soin « et de l’effondrement de l’hôpital ». Pour ce faire, Les libéraux de santé ont déjà prévu le coup et exhortent à une grande réforme de l’accès au soin, documentée par un projet de loi rédigé il y a deux semaines par l’intersyndicale. Plus de 70 articles « proposé au chef de l’État durant la campagne », « pour redonner de la lisibilité à l’offre de soins et repenser l’organisation dans les territoires ».
Plus terre à terre, Les libéraux de santé posent déjà leurs exigences pour le prochain locataire du Ségur. Ils souhaitent « la désignation rapide d’un ou d’une ministre de la Santé ayant déjà une bonne connaissance des dossiers des soins de ville, ce qui permettra de mettre à profit le début du nouveau quinquennat pour engager les réformes nécessaires ». Un message en filigrane envoyé à Olivier Véran, et partagé avec la Fédération des kinés (FFMKR).
Revigorés par les déclarations du chef de l’État qui souhaite « changé d'organisation en déléguant davantage de tâches » aux paramédicaux, les kinés « se félicitent » de ces propositions et espèrent qu’il se mette « au travail sans délais ».
Les maisons de santé poussent leurs pions
AVECsanté - fédération des équipes coordonnées - a également profité de la réélection d’Emmanuel Macron pour pousser ses pions. Eux demandent le « développement urgent de maisons de santé » pour en faire « le pilier de l’accès au soin pour tous et partout ». AVECsanté espère notamment que la prochaine majorité saura profiter du budget de la Sécu de 2023 pour « aller plus loin et plus vite dans le développement des nouvelles pratiques dans les soins primaires, avec les équipes ».
Anticipant les législatives, la fédération aspire, « quelle que soit la majorité qui sortira des urnes dans deux mois », que celle-ci ne se contente pas « de mesures monocatégorielles dans le domaine de la santé ».
« Retour de confiance »
Après avoir, « adressé ses félicitations à Emmanuel Macron », le SML a lui aussi appelé de ses vœux au changement de méthode promis par le chef de l’État. Le syndicat imagine ainsi ce deuxième quinquennat « comme celui de la transformation de notre système de santé », tout en espérant « la restauration d'un dialogue constructif et sincère entre le gouvernement et les syndicats représentatifs des médecins libéraux ». Un « retour de confiance » que le SML imagine grâce à la mise en place « urgente d’une nouvelle convention médicale ». Honoraires « plus juste », prévention, équipe de soins : « un calendrier de travail devra être annoncé dès la désignation du nouveau gouvernement », presse le syndicat.
Pour réunir toutes les doléances des libéraux, hospitaliers, citoyens et collectivités, Emmanuel Macron a promis de mettre en place - avant la fin de l’été - une grande « convention des parties prenantes ». Cette nouvelle version des états généraux de la santé - à l'image de la « nouvelle méthode » vantée par le président - aura pour objectif de brainstormer sur l’avenir du système de santé français.
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