« Nous sommes sains et saufs mais la plupart des maisons n’ont plus de toit, nous craignons beaucoup pour les gens dans la même situation et dont les maisons ne sont plus en état d’assurer leur sécurité alors que José, un nouvel ouragan semble vouloir menacer les mêmes territoires. » Ce témoignage du Pr Pierre Teillac, urologue installé à Saint-Barthélemy, montre l’inquiétude des habitants des Îles de Saint-Martin et Saint-Barthélemy, alors qu’ils émergent des décombres laissés par le passage de l’ouragan de force 5 Irma.
Lors d'un point presse, en fin d’après midi, le Premier ministre a revu à la baisse le bilan provisoire de 4 décès sur l’île de Saint-Martin ainsi que 50 blessés dont 2 graves et 1 en urgence absolue. « Des opérations de déblaiement sont en cours. Néanmoins, je peux vous indiquer que 4 personnes décédées ont été retrouvées sur l'île de Saint-Martin, aucune personne décédée n'a été constatée à ce stade sur l'île de Saint-Barthélemy », a indiqué Édouard Philippe. Par ailleurs, « 21 des 50 blessés sont déjà hospitalisés, dont beaucoup de blessures légères », a-t-il ajouté. Au cours de ce même point presse, Édouard Philippe a précisé qu’« à Saint Martin, 95 % des habitations sont touchées et 60 % sont inhabitables. L’électricité est coupée, L’eau potable et absente et l’essence indisponible. »
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— franceinfo plus (@franceinfoplus) 7 septembre 2017
À Saint Barthélemy, « il semble que, dans l’ensemble, les bâtiments ont mieux tenu », détaille le Dr Yann-Eugène Tiberghien, médecin généraliste de Saint Barthélemy coincé à Paris où il reçoit au compte-gouttes les informations de ses collaborateurs. « Gustavia et Lorient sont sous les eaux. Le village de pêcheurs de Corossol, situé dans un cul-de-sac a pris les vagues de plein fouet. Avant que la sonde de la station météo de Saint-Barthélemy ne casse, au début de l’ouragan, les vents étaient déjà à 363 km/h, il a donc dû souffler des vents de plus de 400 km/h. Aucun mur en béton ne résiste à cela ».
Selon le Pr Teillac, « même les anciens de l'île n'ont jamais vu cela ! Les dégâts matériels sont immenses, mais pour l'instant, nous ne recensons aucuns blessés grave ou mort, même si les urgences sont un peu surchargées par les blessures légères. Nous ne savons toutefois pas encore s'il y a des disparus. Les habitants sont solidaires et donneront un abri sûr à ceux qui ont perdu leur maison. »
Pour ce médecin, la priorité reste « le rétablissement du fonctionnement de l'usine de désalinisation qui est notre principale source d'eau potable. Un contingent de militaire nous a ravitaillés en bouteilles, et nous espérons en recevoir d'autres rapidement ».
Une réponse en plusieurs temps
Interrogé par « le Quotidien », le conseiller médical auprès du directeur de la direction générale de la sécurité civile et la gestion des crises, le Dr Sergio Albarello, détaille le dispositif mis en place : « nous avons engagé des modules d’intervention composés de sapeurs pompiers, de sauveteurs, de médecins et d’infirmier de la sécurité civile, énumère-t-il. Un premier détachement a pour vocation de faire une évaluation et de mettre en place une première structure de soin. Ils sont accompagnés de spécialistes des infrastructures et du traitement de l’eau, car la fourniture en eau potable va vite être une priorité. »
« L’hôpital civilo-militaire ESCRIM se tient prêt à partir », poursuit le Dr Albarello. Pesant 25 tonnes pour un volume de 110 m3, et occupé par 650 professionnels de santé, cet hôpital de campagne « portatif » est doté de 2 blocs opératoires, d’un service de maternité obstétrique et de 72 lits d’hospitalisation. L’engagement d’ESCRIM dépendra de l’évaluation en cours de la situation.
« Dans ce type de situation, on s’attend à rencontrer des patients poly fracturés, et des polytraumatismes dus aux chutes de personnes et d’objets explique le Dr Albarello de tels cas nécessitent des traitements chirurgicaux, mais il faut aussi gérer le quotidien comme les infarctus ou les appendicites, sans oublier les pathologies liées à un stress aigu de haut grade, comme des malaises cardiaques. Se rajoutent à cela les traumatismes psychologiques qui seront pris en charge par une équipe de psychologues prête à être engagée. » Dans un second temps, un pont aérien sera organisé vers les Antilles, surtout pour les situations particulières comme les actes de neurochirurgies.
Blocs opératoires opérationnels
Selon Édouard Philippe, « le port et l’aéroport de Grand Caze sont utilisables » à Saint-Martin « un avion CASA s’est déjà posé à 9 heures heure locale », soit 15 heures, heure de Paris. Le Premier ministre a en outre indiqué que les blocs opératoires du centre hospitalier de Saint-Martin sont de nouveau opérationnels, tandis que l’hôpital de Saint Barthélemy est également utilisable. Du matériel médical lourd quittera la Guadeloupe à partir de dimanche, à bord de 2 gros-porteurs. « Plusieurs milliers de bouteilles d’eau sont sur le site, rassure Édouard Philippe, et une barge contenant plusieurs centaines de mètres cubes d’eau est en route. »
« Il n’est pas exclu qu’ESCRIM soit déployé au profit des îles qui ne font pas partie de notre territoire national. Je pense notamment à Haïti », précise le Dr Albarello. D’ici à ce que la décision d’engager ou non ESCRIM soit prise, des postes sanitaires mobiles de niveau 1 et 2 seront installés.
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