Les sénateurs entament ce lundi 8 novembre, et pour toute la semaine, l'examen en séance du projet de loi de finances de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2022. Ils se pencheront notamment sur les articles 40 et 41 du texte – qui ouvrent l'accès direct à plusieurs professions paramédicales sans prescription médicale préalable – dans un contexte de défiance de la part des syndicats de médecins libéraux.
La semaine dernière, les syndicats représentatifs et l'Ordre ont écrit à la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Deroche, pour demander la suppression de ces articles. Cette dernière a toutefois indiqué que, si elle ne supprimait pas ces mesures, elle veillerait « à mieux les encadrer ».
Malgré tout, la profession reste inquiète. Quelques jours après l'adoption du texte par les députés, les conseils nationaux professionnels (CNP) d’ophtalmologie, d’ORL et de médecine physique et réadaptation avaient rappelé leur opposition « ferme » à la création d’un accès direct et n'acceptaient pas le transfert « brutal » et sans concertation du double rôle diagnostique et thérapeutique du médecin à des professions « dont ce n’est pas le rôle et qui n’ont pas la formation universitaire et la pratique nécessaires ».
Récusant « l'alibi d’un accès aux soins facilité dans les déserts médicaux », ils appellent à un « plan coordonné médecins-paramédicaux ambitieux » pour y faire face et mettent en garde contre les pertes de chance, erreurs et retards diagnostiques. « La consultation médicale d’orientation est essentielle pour dépister des affections silencieuses mais graves comme les lésions rétiniennes, cornéennes, le glaucome, les tumeurs pharyngolaryngées ou les déficits sensoriels, visuels ou auditifs », écrivent les CNP.
Créneaux dédiés
Dans une lettre ouverte aux parlementaires le Syndicat français de médecine physique et réadaptation (SYFMER) a également exprimé sa « vive » inquiétude concernant les masseurs-kinésithérapeutes et les orthophonistes, pour lesquels les délais d'attente sont élevés. « Comment attendre de ces mesures l’amélioration de l’accès aux soins quand les déserts de rééducateurs sont superposables aux déserts médicaux, quand les délais d'accès à la rééducation en ville sont démesurés pour les patients ayant des atteintes neurologiques et que les refus de prises en charge aboutissent à des renoncements aux soins ? », interroge le SYFMER.
Quelle solution pour faire passer la pilule de ces transferts de compétences et faciliter « une prise en charge de qualité et pertinente », selon le Syndicat national des neurologues (SNN) ? Les inscrire « dans un parcours de soins validé par le CNP de la spécialité » et que les professionnels de santé concernés – orthophonistes et kinésithérapeutes dans le cas de la neurologie – permettent « une accessibilité aux soins avec des créneaux dédiés » pour les nouveaux patients.
Ces prises de position ont aussi fait réagir le conseil de l'Ordre des masseurs kinésithérapeutes (CNOMK). Ce dernier estime que si perte de chance il y a aujourd’hui, c'est surtout « en raison de retards de prise en charge, d’errance thérapeutique imposée à des patients confrontés à des délais trop longs ». Par ailleurs, cette expérimentation est, pour l'instant, limitée à six départements, dans le cadre d’une structure d’exercice coordonné, rappelle le CNOMK.
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