-44,7 milliards en 2020, -25,5 milliards en 2021 : le budget de la Sécu plombé par le Covid

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Publié le 29/09/2020

Crédit photo : PHANIE

Le Covid-19 n'a pas fini de peser sur la Sécurité sociale : après un déficit record de 44,7 milliards d'euros cette année, une perte de 25,5 milliards est attendue en 2021, selon la synthèse de la commission des comptes dévoilée ce mardi. Il s'agit de déficits inédits à cause du confinement et de la récession – sous le double effet de recettes en berne et de dépenses exceptionnelles supplémentaires.

Maigre consolation, le déficit de la Sécu devrait être (un peu) moins lourd que prévu en 2020 : 44,7 milliards d'euros, selon la commission des comptes de la Sécurité sociale, au lieu des 52 milliards prédits en juin. Entre-temps, Bercy a revu ses prévisions, un peu moins pessimistes sur la contraction de l'économie (-10 % tout de même), augurant de rentrées de cotisations moins mauvaises que redouté. 

Mais la forte hausse du chômage et le recours massif à l'activité partielle ont tellement tari les rentrées de cotisations que les quatre branches historiques de la Sécu (santé, retraite, famille, accidents du travail/maladies professionnelles) se retrouvent dans le rouge.

-30 milliards pour la branche maladie cette année !

Beaucoup plus fragilisée que les autres, l'assurance-maladie (-30 milliards d'euros en 2020 et encore -16,4 milliards en 2021) paie l'envolée des dépenses liées au coronavirus : au moins 10 milliards d'euros pour 2020 pour l'achat de masques, tests de dépistage, arrêts maladie ou mesures pour les établissements, une facture historique loin d'être compensée par la baisse de plusieurs milliards des dépenses de soins de ville (médecins, kinés, dentistes, infirmiers, pharmacies…).

Sans compter que cette facture devrait s'allonger l'an prochain, avec déjà 4,3 milliards provisionnés pour faire face à la crise sanitaire (2 milliards pour les tests, 1,5 milliard pour les vaccins éventuels, 700 millions pour les masques et 100 millions pour les autres missions Covid). S'y ajouteront en 2021 7,3 milliards de hausses de salaires et d'investissements, dans le cadre du Ségur de la santé, censé concrétiser le plan massif qu'Emmanuel Macron a promis à l'hôpital public.

Les complémentaires santé devront payer une contribution exceptionnelle (un milliard d'euros en 2021, 500 millions en 2022) au titre des sommes qu'elles n'ont pas dépensées pendant et après le confinement.

+7,6 % pour l'ONDAM 2020

Au bout du compte, les dépenses maladie bondiront de 7,6 % en 2020 (loin des 2,3 % attendus avant la crise) et progressent encore de 3,5 % à champ constant en 2021 (par rapport à l'ONDAM 2020 rectifié), soit 224,6 milliards d'euros, un niveau inédit depuis plus de quinze ans. À l’intérieur de cette enveloppe, les soins de ville progresseront de 5,8 % en 2021 et les dépenses hospitalières de 5,2 %. 

Elle aussi plombée par le Covid, la branche retraite subirait un passif de 7,9 milliards en 2020 et de 8 milliards en 2021.

La branche accidents du travail serait quasiment à l'équilibre (-0,3 milliard en 2020, +0,5 milliard en 2021), alors qu'une négociation entre syndicats et patronat sur la santé au travail doit s'achever en fin d'année.

Famille : doublement du congé paternité

La branche famille reviendrait dans le vert l'an prochain (-3,3 milliards en 2020, +0,9 milliard en 2021), en raison d'une faible revalorisation des prestations liées à l'inflation. Déjà annoncée par Emmanuel Macron, la mesure phare concerne le doublement du congé paternité (de 14 à 28 jours dont 7 obligatoires). 

La création d'une cinquième branche autonomie est au programme, pour regrouper les crédits destinés aux personnes handicapées et aux personnes âgées dépendantes. Le ministre de la Santé, Olivier Véran, s'est engagé à la doter d'« au moins un milliard d'euros » supplémentaires en 2021, tandis que la loi grand âge a de nouveau été repoussée au début de l'année prochaine.

Tirant les leçons de cette dérive historique des comptes sociaux, le gouvernement a fait voter cet été la possibilité d'ajouter au trou de la Sécu jusqu'à 92 milliards de déficits cumulés sur la période 2020-2023. 

C. D. (avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr