« La France sans spécialistes ». Cela sonne comme une menace d’apocalypse, et c’est le titre qu’avait donné en 2004 la CNAM-Lib, une coordination de médecins libéraux excédés par leurs conditions de travail, à une opération coup de poing. Cette année-là, pendant quelques jours début décembre, 1 111 praticiens ont fermé leur cabinet pour partir « en exil » à Barcelone.
Pourquoi 1 111 ? « Parce que c’était une histoire de secteur 1 », explique le Dr. Bernard Cristalli, alors secrétaire général de la CNAM-Lib. Au cœur du mouvement se trouvait la revendication de la liberté d’accès pour tous les praticiens au secteur à honoraires libres.
Et pourquoi Barcelone ? « La question était de savoir comment être visible, en sachant qu’une grève est toujours quelque chose de mal vécu et de peu suivi », se souvient le Dr Cristalli. L’opération a donc été minutieusement préparée avec une agence de communication parisienne.
Des revendications, peu de résultats
Et les résultats ? En termes de retentissement, ils ont été au rendez-vous : une très bonne couverture média et une rencontre avec le Premier ministre de l’époque, Jean-Pierre Raffarin. Mais pour ce qui est des revendications, le Dr Cristalli manie la litote : « Nous n’avons pas obtenu beaucoup d’avancées.»
En fait d’exil, ces quelques jours ont surtout été pour les médecins participants une occasion de réfléchir ensemble à la médecine qu’ils voulaient. Qu’en conclue le Dr Cristalli, plus de 10 ans après ? « La seule action efficace, aujourd’hui, ce serait le déconventionnement. Je crois que les confères vont y venir… »
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