En dépit de ses agences spécialisées et d’une législation qui s'est étoffée depuis des années, l’Union européenne (UE) n'a guère brillé dans la prévention comme dans la gestion de la pandémie de Covid-19. Retards dans l’autorisation de mise sur le marché des vaccins, retards de livraison des sérums commandés… La Commission européenne a reconnu récemment ses insuffisances, qu’elle impute volontiers aux traités eux-mêmes. Elle s'emploie aujourd'hui à reprendre l'initiative.
La direction générale de la Santé, dirigée par la commissaire chypriote Stella Kyriakides, entend harmoniser tous les plans de préparation et de réaction aux menaces sanitaires transfrontalières. L'objectif est de mettre en place un système européen intégré d'urgence capable de développer, stocker et acquérir les équipements, médicaments et dispositifs nécessaires pour répondre aux crises.
L'agence HERA pour lutter contre les futures pandémies
Dans ce cadre, une nouvelle agence sera créée en 2021 afin de renforcer les procédures d’achat de vaccins ou de médicaments par des mécanismes plus inclusifs en matière de développement, de production et de suivi de ces produits. Elle devra faciliter l’accès aux médicaments et aux équipements d’urgence, garantir la disponibilité immédiate de services médicaux supplémentaires et pourra lancer des marchés d’urgence pour les vaccins.
Cette future « autorité européenne d’urgence sanitaire » (nommée HERA) s’articulera avec l’Agence européenne des médicaments (EMA) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) dont les missions seront élargies. La surveillance épidémiologique entre ainsi dans le périmètre de compétences de l’ECDC, dont les orientations seront remplacées par des « recommandations concrètes ». Les mécanismes précoces d’information sur les risques existants, de même que les procédures de coopération entre laboratoires seront renforcés.
Bruxelles vient aussi de lancer « Hera Incubator », un programme de bio-défense consacré aux mutations du Covid-19 – qui réunira laboratoires, autorités sanitaires et scientifiques. Il s'agit de développer les capacités de production des vaccins de deuxième génération, dans un contexte de propagation des variants qui soulèvent une vive inquiétude dans le Vieux continent.
Combattre les pénuries
L’EMA de son côté voit ses mandats en matière de contrôle et d’évaluation de la sécurité des médicaments s’enrichir de nouvelles compétences : suivi et réduction des pénuries de médicaments et de dispositifs médicaux en période de crise, conseils sur les traitements, prévention du risque de flambée épidémique. En outre, elle coordonnera les études d’innocuité et d’efficacité des vaccins et les essais cliniques de médicaments.
Ces évolutions font partie du programme pour une « Union européenne de la santé », annoncé en novembre. Il comporte d'autres chapitres relatifs aux pénuries de médicaments hors urgence, à la relocalisation de la production pharma en Europe, à l’amélioration de l’accès aux soins et au renforcement des programmes de recherche, notamment sur le cancer.
Toutefois, les enquêtes d’opinion de la commission montrent que, pour la population européenne, ce sont les restrictions aux voyages et l’absence de coordination qui ont constitué l’échec le plus flagrant de l’UE dans sa lutte contre la pandémie.
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