Directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), Dominique Martin dément toute crise au sein de l'Agence après les révélations du « Figaro ».
LE QUOTIDIEN : Selon « le Figaro », l'ANSM traverse une crise majeure, avec des départs en rafale, notamment celui de la directrice de l’évaluation. Qu’en est-il ?
DOMINIQUE MARTIN : C’est vrai que ce poste est aujourd’hui vacant, puisque la directrice de l’évaluation est partie il y a environ deux mois. Nous sommes actuellement en fin de phase de recrutement : il ne reste qu’une personne dans la course, avec laquelle nous sommes en train de finaliser. La période de vacance sera de l’ordre de 3 à 4 mois en tout, ce qui est tout à fait typique d’un poste de directeur.
Le service de l’évaluation fonctionne-t-il ?
Bien entendu. Un tel service peut fonctionner de cette façon pendant un certain temps, il y a des procédures internes à cette direction qui sont prévues. De plus, le directeur général des opérations suit le dossier en direct. La même situation s’est déjà produite dans le passé pour d’autres directions, c’est tout à fait classique, surtout pour une agence qui compte plus de 20 directions.
Les directeurs ont des contrats à durée déterminée, une fois qu’ils terminent leur contrat, ils sont remplacés, ça tourne ! Tout cela ne pose aucune difficulté de gestion, même si bien sûr notre objectif est de remplacer cette personne aussi vite que possible.
De nombreux responsables sont partis ou sur le départ, selon « le Figaro ». Un cadre de l'ANSM affirme que le navire prend l’eau de partout…
Sur les 1 000 agents qui travaillent à l’ANSM, il y en a un qui donne anonymement des informations subjectives. Pour autant, le navire prend-il l’eau ? La réponse est clairement non. L’agence connaît des entrées et sorties permanentes, mais avec un turn-over plutôt bas, inférieur à 5 %. Ça situe l’ANSM en bas de la fourchette des établissements équivalents. Nous sommes au contraire dans une situation de stabilité.
Il est cependant exact que le directeur de la communication a quitté son poste à la fin de sa période d’essai, c’est son droit le plus strict. Nous sommes en phase de recrutement pour ce poste. C’est vrai aussi que trois agents quittent la direction de la surveillance. Mais l’un d’entre eux nous l’a annoncé il y a environ six mois, parce qu’il veut suivre son conjoint, et deux autres l’ont fait plus récemment. Ces deux personnes ne quitteront pas l’agence avant environ plusieurs mois.
Tout cela ne traduit absolument pas une situation de crise. Nous sommes dans une situation parfaitement normale, surtout si vous ramenez ça aux effectifs. L’agence est en état de marche, et elle travaille. Elle travaille même beaucoup ! Car en plus des missions habituelles de l’agence, nous sommes engagés dans un projet prioritaire d’amélioration des process et des délais.
Comment analysez-vous le décalage entre la situation que vous décrivez et celle qui est dépeinte par les agents de l’ANSM interrogés par « le Figaro » ?
Je ne l’explique pas, mais je vous confirme qu’il y a un gros décalage. Ce qui est écrit ne correspond en rien à la réalité, et j’engage ma responsabilité sur ce que je dis.
Autre exemple de ce décalage : ce qui se serait passé au sein du conseil scientifique. J’y aurais affirmé, au cours d’une de ses réunions, qu’il n’y avait pas besoin de scientifiques de haut niveau au sein de l’agence ! La présidente du conseil scientifique a immédiatement envoyé un démenti au « Figaro » pour dire que je n’avais rien dit de tel.
Pour piloter la politique du médicament, le lien entre l'ANSM et la ministre de la Santé est-il encore solide ?
Bien sûr que la ministre est en mesure de faire son travail. L’agence n’est pas un établissement indépendant, elle est sous tutelle de la Direction générale de la santé, elle-même sous l’autorité de la ministre. À travers ce mécanisme, la ministre, le gouvernement et l’État contrôlent parfaitement les choses.
Comme dans toute agence, il y a en permanence des choses difficiles à gérer, mais on est parfaitement en capacité de le faire. J’ai le soutien de la ministre, et j’ai une totale confiance dans les relations que j’ai avec le ministère.
L’Académie de médecine s’alarme du désengagement des États-Unis en santé
Un patient opéré avant le week-end a un moins bon pronostic
Maladie rénale chronique : des pistes concrètes pour améliorer le dépistage
Covid : les risques de complications sont présents jusqu’à trente mois après hospitalisation