Mediator : Servier répond au réquisitoire du parquet

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Publié le 14/06/2017
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Crédit photo : S. Toubon

Alors que le parquet de Paris vient de mettre un point final à son réquisitoire définitif dans le volet pénal de l'affaire Mediator, ouvrant la voie à un procès en correctionnelle, les laboratoires Servier, par la voix de leur avocat, François de Castro, souhaitent remettre les pendules à l'heure.

Dénonçant le « caractère lacunaire et caricatural » de ce réquisitoire, l'avocat juge que ce document « reproduit sans surprise la thèse et le parti pris du rapport de l’IGAS », rendu public le 15 janvier 2011. Le réquisitoire dénonce une volonté délibérée de Servier de ne pas faire apparaître la norfenfluramine (une molécule à l'origine du retrait en 1997 d'un autre produit Servier, l'Isoméride), dans la composition du Mediator. « Il est établi par l’instruction que sa présence et sa connaissance par les autorités sanitaires sont notamment à l’origine de l’ouverture d’une enquête nationale de pharmacovigilance dès 1995 », rétorque l'avocat.

Des témoignages sujets à caution

L'attitude des visiteurs médicaux de Servier, accusés de « méthodes offensives » pour convaincre les médecins de prescrire du Mediator est également contestée. Maître de Castro souligne que le réquisitoire « s'appuie sur les seules déclarations d’une ancienne salariée de Servier, dont le témoignage est précisément contredit par tous les autres visiteurs médicaux du laboratoire, et plus décisivement encore par nombre de médecins généralistes entendus au cours de l’instruction ».

Servier s'élève aussi contre les accusations de conflits d'intérêts qu'il aurait entretenus avec l'AFSSAPS (Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, aujourd'hui ANSM). Son avocat rappelle que le réquisitoire « n’a pas été en mesure de démontrer que ces conflits d’intérêts allégués auraient été à l’origine du maintien du Mediator sur le marché ».

Servier estime que le parquet charge la barque. « Ce réquisitoire occulte volontairement d’autres éléments essentiels de l’historique du médicament apparus au cours de l’instruction et qui caractérisent des dysfonctionnements d’une particulière gravité », assure son avocat.

Avec ce réquisitoire, le parquet clôt une instruction particulièrement longue. Pour autant, l'ordonnance de renvoi n'est toujours pas rendue, rappelle François de Castro. Selon lui, « si un procès doit se tenir, et compte tenu de l'importance des enjeux, il ne pourrait avoir lieu avant 2019 ».


Source : lequotidiendumedecin.fr