En 2021, le marché des médicaments remboursables délivrés en officine a atteint des sommets, selon le rapport annuel de la commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS), publié début juillet. En effet, le chiffre d'affaires hors taxe (CAHT*) de ces produits a été, l'an passé, de 21,1 milliards d’euros, en hausse de 8,4 % par rapport à 2020. La commission constate ainsi « un taux de croissance bien supérieur à celui des années précédentes », qui tournaient autour de 3 % en 2018 et en 2019.
Cette progression record - qui ne prend pas en compte la délivrance de masques et de tests antigéniques - s’explique en partie par « un retour à une consommation de soins qui s’est progressivement normalisée » après les premières vagues, indique le rapport. Le « rattrapage » est criant lorsque l’on se penche simplement sur le nombre de boîtes de médicaments vendues, en augmentation de 3,7 % entre 2020 et 2021. Une hausse « exceptionnelle », expliquée également par le retour des pathologies hivernales.
Mucoviscidose
Mais la CCSS précise que ces phénomènes ne peuvent expliquer à eux seuls cette progression. Le rapport met ainsi en avant la mise sur le marché de nouvelles thérapies onéreuses en 2021 ainsi que la survenue d'extensions d’indications. En haut de la liste des médicaments qui creusent le plus les dépenses : ceux de l’appareil respiratoire, en particulier le Kaftrio et Kalydeco dans le traitement de la mucoviscidose. En 2021, le chiffre d’affaires de ces thérapeutiques a augmenté de 176 millions d’euros.
Le Kaftrio - qui dépasse les 10 000 euros pour quatre plaquettes - est remboursé en ville depuis juillet 2021. Le Kalydeco, qui coûte plus de 11 000 euros pour 56 comprimés, a pour sa part bénéficié de deux extensions d’indication cette année-là.
Anticoagulant, inhibiteurs d'interleukine…
Autres vecteurs de dépenses : le Vyndaqel et l’Onpattro, qui ont bénéficié en 2021 d'un nouveau dosage sur le marché officinal. Indiqués respectivement dans l'amylose à transthyrétine avec cardiomyopathie et l’amylose à transthyrétine héréditaire, ces traitements ont un coût qui dépasse les 7 000 euros. Globalement, la classe de médicament en relation avec le système nerveux a contribué à l'augmentation des dépenses pour 166 millions d’euros en 2021.
En outre, « pour la troisième année consécutive, les médicaments de la classe des inhibiteurs d’interleukine sont en forte hausse (+161 millions d’euros) », indique la CCSS. Par exemple, Stelara et Dupixent ont fait l’objet d’une extension d’indications courant 2021 dans le traitement de la dermatite atopique sévère de l’enfant.
De même, les médicaments de la classe des inhibiteurs directs du facteur Xa (anticoagulants oraux) sont toujours en forte hausse (+116 millions d'euros en 2020 et +114 millions d'euros en 2021), soit une contribution de +0,58 point à la croissance. Enfin, « la cinquième place de ce classement est occupée par les médicaments ophtalmologiques, tels que Eylea ou Lucentis indiqués dans le traitement de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) », indique le rapport.
Baisses de prix
À l’inverse, des baisses de prix « ciblées » sur cinq classes thérapeutiques - à hauteur de 45 millions d’euros pour 2021 - ont permis de freiner un peu cette dynamique, notamment sur les « agonistes et des corticoïdes qui ont subi des baisses de prix », précise la CCSS. Autre économie dans l'asthme : le Seretide Diskus est passé dans le domaine public.
Par ailleurs, les antiviraux d’actions directes utilisés contre l’hépatite C ont coûté, l'année dernière, 20 millions d'euros de moins, en raison d'une baisse du nombre de boîtes délivrées pour la deuxième année consécutive.
Les génériques progressent
Le rapport annuel de la commission dresse également un panorama de la place des génériques en ville. Celle-ci constate un marché du répertoire (princeps + générique) en légère hausse, de 1,5 %. Au total, la part des génériques représente 24,2 % du marché global remboursable en ville. En 2021, 1,2 milliard de boîtes de générique ou son princeps ont été vendus, soit près d’une boîte sur deux délivrées en pharmacie.
Les trois quarts du CAHT sont désormais générés directement par les génériques : l’année 2021 marque le taux de pénétration de ceux-ci le plus haut jamais enregistré, à 84 %, contre environ 70 % il y a dix ans.
Enfin, la dynamique est encourageante du côté des médicaments biosimilaires, « portée par l’arrivée de nouveaux produits », comme des biosimilaires d’anti-TNF, de facteurs de croissances ou hormones parathyroïdiennes. Le CAHT de ces copies de médicaments biologiques atteint désormais 542 millions en ville, en hausse de 91 millions par rapport à 2020. Ce sont 4 millions de boîtes de biosimilaires ont été vendues en pharmacie en 2021.
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