C'est une vaste opération de transparence sur les liens entre l'industrie pharmaceutique et les professionnels de santé à l'échelle européenne qui s'ouvre ce mardi avec le lancement du site internet « Euros for docs », littéralement « Des euros pour les médecins ».
Créée par deux Français cracks en informatique, Pierre-Alain Jachiet et Luc Martinon, cette immense base de données agglomère les informations issues de registres publics ou d'initiatives indépendantes de transparence dans onze pays européens : Espagne, Portugal, Roumanie, Royaume-Uni, Italie, Belgique, Allemagne, Suisse, Danemark, Irlande et Suède. La France rejoindra la liste très prochainement.
« Tout démontre que l'influence de l'industrie pharmaceutique sur les médecins, les institutions politiques et les processus de réglementation est pernicieuse, expliquent au « Monde » les informaticiens pour justifier leur initiative. La pression des médias et des citoyens est la seule solution pour faire changer les mentalités. »
Réglementation plus stricte
« Laboratoires et entreprises de technologie médicale dépensent énormément d'argent pour promouvoir leurs produits auprès des médecins et autres professionnels de santé, peut-on lire sur le site. À ce jour, « Euros for docs » recense entre 2017 et 2019 près de 1,8 million de liens d'intérêt pour un total de 8,5 milliards d'euros versés par les labos aux professionnels de santé.
« Ce marketing prend la forme de cadeaux, dîners, conférences très bien rémunérées, bourses de recherches, sponsoring etc. », explique encore « Euros for docs » qui s'oppose à l'idée que la collaboration entre industrie pharmaceutique et professionnels de santé bénéficie aux patients.
Bien au contraire, ces liens d'argent « faussent le savoir et la pratique médicale » et « alourdissent le coût des dépenses de santé ». « Bien que cela bénéficie aux médecins financièrement (ou pour leur carrière), cela peut exposer les patients à des risques inutiles », expose le site internet. « Plusieurs scandales dans le domaine de la santé ont à maintes reprises mis ces pratiques problématiques au premier plan et exigent une réglementation plus stricte », avancent les informaticiens.
En 2014, à la suite du scandale du Mediator, le gouvernement français avait déjà lancé une base de données similaire intitulée Transparence-Santé. Mais celle-ci était déjà jugée imparfaite par Pierre-Alain Jachiet qui a créé en 2018 Eurosfordocs.fr afin d'en faciliter l'exploration.
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