Le Quotidien des Lecteurs
NOEUX LES MINES (62)
DR BERNARD SOBOLEWSKI
Je voulais porter à votre connaissance l’information, dont le texte, rédigé par un médecin en colère, est affiché en salle d’attente.
"En ma qualité de gérant de la Maison Médicale X, il m’est indispensable de porter à votre connaissance ces informations essentielles.
La crise profonde affectant le corps médical, notamment sur le plan démographique, nous touche également. Effectivement, nos actives recherches afin d’améliorer notre mode de fonctionnement actuellement imparfait, nous vous le concédons - médecins remplaçants régulièrement différents depuis bientôt 3 ans, suite à l’absence prolongée du Dr Y - quant à l’intégration d’un cinquième médecin en qualité d’associé, de successeur ou de collaborateur, sont restées vaines jusqu’à présent.
Or, ce mode de fonctionnement prendra fin dès le début de l’année 2011, car nous n’aurons plus l’autorisation du Conseil Départemental de l’Ordre des Médecins du Pas-de-Calais pour exercer encore avec l’assistance d’un médecin remplaçant pour le Dr Y, la limite tolérée des 3 années de remplacement sera atteinte. Donc, nécessairement, il y aura un report de la demande de la patientèle du Dr Y sur les 4 autres médecins généralistes en exercice du groupe.
Agé de 57 ans, après plus de 30 années d’activité libérale, il me sera impossible d’assumer cette surcharge d’activité, d’autant plus que le médecin remplaçant du Dr Y assurait déjà la prise en charge de patients qui me sont déclarés ou de leurs ayants-droits non déclarés âgés de moins de 16 ans et qui ne pouvaient pas avoir de rendez-vous rapprochés à leur convenance avec moi. Je ne supporterais aucune pression supplémentaire d’activité (dans le contexte actuel privilégiant le temps libre, les loisirs, la qualité de vie, etc etc etc.......) et je me réserverais le droit de cesser mon activité, ce qui entraînerait immanquablement l’implosion du groupe médical, avec les effets collatéraux de desinstallations massives que vous imaginez puisque pratiquement tous les confrères du secteur ont une moyenne d’âge supérieure à 55 ans...!! Dès lors, je changerais d’orientation en proposant ma collaboration ou ma disponibilité pour des remplacements réguliers, voire ponctuels (et non plus d’association) pour d’autres groupes médicaux, en disposant surtout, à ma convenance, d’une liberté d’exercice retrouvée, en conformité avec les nouveaux modes de fonctionnement de l’art médical... Je regretterais très sincèrement cette issue exceptionnelle, car la confiance que vous me témoignez depuis toutes ces nombreuses années me touche profondément, mais l’évolution actuelle des comportements individuels et collectifs sociétaux envers notre profession me confortera dans cette décision très mûrement réfléchie".
PARIS
THIERRY COTE, BIOLOGISTE
Préserver l’assurance maladie universelle
Mon confrère Gérard Noet s’exprime dans vos colonnes sur l’avenir de la biologie médicale et la santé.
Je lui laisse la responsabilité de son diagnostic sur la biologie médicale qui mérite un débat approfondi.
Il y a, par contre, un sujet qui fait moins débat : c’est celui qui consiste à imaginer les conséquences d’un abandon de l’assurance maladie universelle au profit d’un système où le financement public ne prendrait en charge que les pathologies lourdes et les personnes insolvables. Les assureurs « financiers » assurant le reste…
Sans aucun doute cette évolution aurait pour conséquence une grande inaccessibilité aux soins pour de très nombreuses personnes trop solvables pour bénéficier des aides publiques mais pas assez pour s’offrir une complémentaire. Ceci, bien évidemment, ne faisant qu’accumuler dans les comptes des pathologies potentiellement lourdes qui pèseront à terme sur le système public et donc, in fine, sur le contribuable.
Ainsi le problème d’origine n’aurait pas été résolu, tout juste déplacé, avec des conséquences mortifères sur la santé publique.
Mon éminent confrère dénonce cette « financiarisation » du risque, et je l’approuve. Mais il l’amalgame avec les acteurs qui cherchent de nos jours, à structurer l’organisation des soins, à rationaliser les coûts et les pratiques pour soigner mieux et moins cher. Et là je ne l’approuve plus car, par exemple, les opérateurs de biologie médicale qui sont en train de fédérer des biologistes autour de plateau techniques performants sont totalement dans la recherche de proximité et d’efficience pour que le système de santé français conserve son universalité et ses missions de prévention et d’accès le plus large aux soins de premier recours.
SAINT-MICHEL-EN-BRENNE (36)
MARIE GEORGE FAYN EDITRICE RESEAU CHU
Palmarès des hôpitaux : aiguillons de l’information en santé
En septembre "Le Point" publiait son 14ème palmarès des hôpitaux, "L’Express" celui des établissements qui traitent le cancer alors que "Doctissimo" lançait son classement des maternités. En octobre, "Top Santé" répertoriait les meilleurs établissements en chirurgie féminine. Dans quelques semaines, ce sera au tour du "Nouvel Obs" puis du "Figaro Magazine" de vanter leurs évaluations des structures de soins.
Régulièrement magazines et quotidiens auscultent le système de soins et rédigent des ordonnances en forme de tableau d’honneur. Quelle est la valeur ajoutée de ces classements ? Répondent-ils aux attentes du patient ?
Les palmarès ont le mérite d’avoir créé un « GPS des établissements de santé » utile pour les premiers repérages dans un paysage sanitaire caractérisé par sa complexité et son cloisonnement. Leur succès montre que chacun a bien compris l’intérêt de se renseigner sur son parcours de soins. Mais pour autant, l’établissement classé en tête va-t-il enregistrer un plus grand nombre de patients ? Statistiquement, il est difficile de l’affirmer. En effet, la démarche adoptée par le malade (et ses proches) pour choisir l’équipe qui le soignera est un processus complexe où interviennent de nombreux facteurs. Une récente enquête* menée auprès de 1 011 personnes afin de savoir à qui les patients font confiance pour sélectionner l’établissement où ils se feront soigner confirme avant tout le rôle d’adressage du médecin traitant gratifié d’un taux de confiance de 93 %. Les classements hospitaliers établis dans la presse arrivent en seconde position avec seulement 37% de crédit et les sites internet 21%.
En dehors des journaux, le patient pourra éclairer son choix en se tournant vers l’une des 10 000 associations de patients qui savent rester proches de la personne tout au long de sa maladie. A sa disposition également les sites des établissements. Toujours sur le net il pourra consulter - avec discernement- les blogs des internautes, les réseaux sociaux et privilégier parmi les 3 000 sites d’information en santé ceux qui ont reçu la certification HON (1), soit près d’un tiers. Sur la plateforme Platines, mise en ligne par le ministère de la santé, l’internaute trouvera les caractéristiques de 1 256 hôpitaux et cliniques ayant une activité en médecine, chirurgie et obstétrique.
A tout prendre, ce même patient serait encore plus intéressé par la liste des services à éviter - démarche retenue dans les premières versions des magazines mais vite stoppée du fait des controverses et procès à l’encontre des éditeurs. Un bémol aussi quant à la fraîcheur des hit parades qui s’appuient en 2010 sur des données extraites du Programme médicalisé des systèmes d’information de 2008 – A leur décharge, il n’en existe pas de plus récentes. Le classement 2010 reflète donc la réalité de 2008. Or en 2 ans, il se passe beaucoup de choses dans un établissement, acquisition de nouveaux équipements, changements à la tête des équipes…
Ce déploiement d’indicateurs – procédures de certification menée par des autorités publiques indépendantes, palmarès des magazines, plates-formes mutualistes, sites web, associations… - couvre-t-il les attentes en matière d’information santé ? Pas vraiment puisque selon une l’ enquête (4ème baromètre de TNS Sofres/Fédération Hospitalière de France) l’opinion des français est mitigée : 46% estiment ce besoin satisfait (11% complètement et 35% en grande partie) et 46% trouvent qu’ils ne sont pas bien renseignés (28% seulement en petite partie et 18% pas du tout). 8% n’ayant pas d’opinion sur le sujet.
Ces résultats en demi-teinte montrent que toutes les barrières n’ont pas été levées.
(1) la certification HON est attribuée aux sites qui respectent les principes de transparence et de fiabilité de l’information
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