Les soins dentaires coûtent cher : peu remboursés par l’assurance-maladie, ils font souvent l’objet de « pratiques tarifaires excessives » voire de « dérives inacceptables », ce qui peut conduire à renoncer aux soins, souligne lundi une étude publiée par 60 millions de consommateurs. Soulignant que le reste à charge constitue la « principale raison de renoncement aux soins auquel déclare être confronté près du tiers des consommateurs », elle relève que pour les passages chez le dentiste ce reste à charge est « élevé » même après l’intervention des complémentaires santé.
Cette étude, au sommaire du numéro de décembre de « 60 millions de consommateurs », a été réalisée à partir des données enregistrées par la Sécurité sociale, par l’Observatoire citoyen des restes à charge en santé, créé début 2013 par « 60 millions de consommateurs », le CISS (collectif de patients) et Santéclair, filiale de plusieurs complémentaires santé.
600 euros pour une couronne, 2 000 pour un implant
Principaux soins incriminés : les prothèses, comme les couronnes, bridge, inlay ou reconstitutions, qui en 2012 ont représenté 5 milliards d’euros de dépenses, dont un milliard seulement est remboursé par l’assurance-maladie. La somme qui reste à la charge du patient après remboursement par la Sécu s’élève à plus de 290 euros en moyenne par acte de prothèse, avec des variations en fonction des départements : elle ne descend « quasiment jamais » en dessous de 200 euros et grimpe jusqu’à plus de 400 euros à Paris.
Ce reste à charge peut être remboursé par les complémentaires mais « il est très difficile d’avoir une estimation précise de leur niveau de prise en charge global », souligne l’Observatoire.
Selon l’étude, les sommes demandées pour une couronne céramo-métallique dépassent 600 euros, alors que la prise en charge de l’assurance-maladie n’est que de 75,25 euros, soit 70 % de la base de remboursement. Pour la pose d’un implant, peu prise en charge par l’assurance-maladie, le coût moyen est supérieur à 2 000 euros.
Inlay-core : « une dérive préoccupante »
Plus grave, il existe dans certains cas des solutions moins onéreuses pourtant peu pratiquées par les dentistes. Cette « dérive préoccupante » concerne notamment les inlay-core, des reconstitutions partielles de dents apposées sous couronne. Pour ce dispositif, élaboré par des prothésistes dentaires, le praticien fixe librement ses honoraires, qui varient entre 150 à 300 euros (la Sécu rembourse 70 % de 122,55 euros). Pourtant, une alternative, la reconstitution « au fauteuil », présente l’avantage d’être moins chère car elle est fabriquée par le dentiste lui-même à un prix fixé par la Sécurité sociale : 79,53 euros, soit un reste à charge de 24 euros pour l’usager.
Syndicats et assurance-maladie reconnaissent que les deux techniques se valent en termes de qualité des soins, mais les reconstitutions à tarifs libres se développent : « la situation a même empiré et on assiste à une réelle généralisation des inlay-core », souligne « 60 millions de consommateurs ».
Peu de dépassements sur les soins courants
En revanche, l’Observatoire constate que les soins courants (carie, dévitalisation, détartrage, etc.), dont les tarifs sont encadrés par l’assurance-maladie, font peu l’objet de dépassements, en dehors de Paris qui représente 57 % des dépassements constatés pour ce type de soins. Toutefois, ces dépassements atteignent 34 millions d’euros en 2012.
Autre traitement pointé du doigt, l’orthodontie. Les soins d’orthodontie ont représenté en 2012 plus d’un milliard d’euros, dont près de 80 % constituent des dépassements d’honoraires, selon l’étude. Ce type de traitement, qui se pratique le plus couramment par semestre, est d’autant plus coûteux qu’il peut durer jusqu’à trois ans. Il a été facturé en moyenne 650 euros par trimestre l’an dernier, avec de fortes variations géographiques : près de 1 000 euros en moyenne à Paris contre 400 en Ariège. Or la Sécurité sociale rembourse 193,50 euros par semestre si le traitement débute avant 16 ans.
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