ÉCHARPES de bienvenue, banderoles en l’honneur de la France, dîner-spectacle en hommage à Gengis Khan, et même concert de rock mongol suivi d’un feu de joie sous les étoiles : les Chinois ont le sens de l’accueil. Pour ce premier « forum sinoétranger », la FHP chinoise a mis les petits plats dans les grands.
Le premier rang de l’amphithéâtre est réservé aux Français, qui se succèdent à la tribune pour présenter les particularités du système de santé hexagonal. De la fondation de la Sécu à la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), tout y passe. Jean-Loup Durousset, le président de la FHP, conquiert la salle avec quelques mots chinois. Sur l’écran géant défile un power point avec l’organigramme du ministère de la Santé et des agences régionales de santé (ARS) traduit en mandarin. Des slogans bien français résonnent dans ce bout perdu de la Mongolie intérieure : « À une même prestation, un même tarif. »
Les congressistes prennent des notes et des photos, beaucoup de photos. Puis s’ouvre une séance de questions réponses avec la salle. Très vite, les préoccupations des Chinois se font jour. « Quelle est la rentabilité de vos cliniques ? », demande cet homme. « Notre résultat moyen est de 2 %, parfois moins, répond Jean-Loup Durousset. C’est pourquoi nous restructurons le secteur. Sans les chambres particulières, nous serions déficitaires. » En écho, cette autre question : « Payez-vous des impôts ? » La réponse tombe, affirmative. Un Chinois s’étonne : « Vous nous dites que vos tarifs sont moins élevés que ceux de l’hôpital public. J’ai travaillé vingt ans au Royaume-Uni, le privé y est plus cher que le public. Il doit y avoir erreur dans votre power point. » Jacques Métais, ancien directeur d’agence régionale de l’hospitalisation (ARH), remet les pendules à l’heure. « Nos tarifs du privé sont effectivement inférieurs à ceux du public. L’intérêt du gouvernement, explique-t-il à l’assistance ébahie, c’est d’avoir de bons résultats avec des frais inférieurs. Combien de temps cela durera, je n’en sais rien. »
Le micro circule de main en main. « Combien de temps cela a pris pour obtenir l’égalité de traitement public-privé ? », se risque timidement une jeune journaliste. « Cinquante années, expose Philippe Burnel, le délégué général de la FHP. Nos cliniques sont dynamiques grâce au paiement à l’acte. Et les médecins libéraux sont libres de s’installer où ils veulent. » Autre question : « Quel examen faut-il passer pour avoir sa licence médicale ? »« Il faut étudier 14 ans pour devenir chirurgien, répond le Dr Jacques Caton, chirurgien orthopédique. La formation est la même que l’on exerce en hôpital ou en clinique, et le diplôme est pour toute la vie. »« Et que faites-vous en cas de conflit entre le médecin et le patient ? », interroge un autre congressiste (les scènes de violence sont fréquentes dans les hôpitaux chinois). Un règlement à l’amiable, une indemnisation par l’assureur ou, plus rarement, un procès, détaille Philippe Burnel.
En aparté, un investisseur chinois s’approche de Jean-Loup Durousset. À la tête d’un groupe de cliniques dans son propre pays, il voit à présent plus loin. Jean-Loup Durousset lui demande s’il serait prêt à investir en Europe. « Oui », répond-il. « En France ? », s’enquiert le président de la FHP. « Le fils du big boss étudie en France. Il cherche à avoir la nationalité. » Une réponse indirecte à prendre pour une affirmation. Qu’on se le dise : les capitaux chinois pourraient bientôt débarquer.
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