En France, 38 000 patients bénéficient d’un dispositif de télésurveillance de prothèses rythmiques. Ce suivi à distance de patients implantés d’un défibrillateur automatique ou d’un stimulateur cardiaque est une des applications les plus développées et les plus matures de la télémédecine.
La technique donne des résultats incontestables, à en croire le Dr Laurence Guédon-Moreau, cardiologue rythmologue au CHU de Lille. S’exprimant dans le cadre d’une conférence organisée par le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (SNITEM), elle souligne la diminution de plus de 50 % de la mortalité à un an chez les patients implantés et disposant d’une télésurveillance.
Cette technologie est également source d’économies (réduction des coûts ambulatoires). L’étude française Ecost montre que la télésurveillance procure en moyenne 315 euros d’économies par an et par patient à l’assurance-maladie (principalement grâce à la baisse du nombre de consultations et de transports sanitaires, et sur la durée des batteries des dispositifs implantables). La même étude met en lumière la forte adhésion des patients au dispositif de télésurveillance. Ils sont 76 % à le préférer à un suivi classique.
Pas de prestation de télésurveillance
En dépit de ces bénéfices, tant pour le patient que pour les comptes sociaux, la prise en charge de la télésurveillance des prothèses cardiaques n’est toujours pas pérenne en France.
La prestation technique complète de télésurveillance des prothèses rythmiques cardiaques assurée par l’industriel (transmission et hébergement des données, gestion des alertes, etc.) ne donne lieu à aucune prise en charge du régime obligatoire alors que la Haute autorité de santé (HAS) a évalué favorablement le dispositif.
Autre signe d’instabilité : en 2013, le remboursement du transmetteur (qui relie le dispositif implanté au site sécurisé du cardiologue) a été remis en cause, heureusement sans succès, par la HAS.
Côté cardiologues, l’activité de télémédecine n’est pas valorisée : deux demandes de création d’actes (télésurveillance d’un stimulateur cardiaque et télésurveillance d’un défibrillateur cardiaque) ont été déposées auprès des autorités de santé en 2011, mais elles n’ont toujours pas abouti en raison de blocages technico-administratifs persistants.
Risque d’abandon du suivi
« Il devient difficile de suivre de manière optimale un nombre croissant de patients sans rémunération de cette activité », insiste le Dr Arnaud Lazarus, cardiologue rythmologue à la clinique Ambroise Paré à Neuilly sur Seine. « La situation devient intenable pour les gros centres engagés dans cette pratique, qui arrivent au bout de leurs capacités de financement par les ARS, et de leurs capacités de bénévolat », renchérit Laurence Guédon-Moreau (CHU de Lille).
Résultat, selon le Dr Lazarus, certains cardiologues envisagent de n’activer en 2015 que les prothèses des patients qui assumeraient à leurs frais la prestation médicale, au montant préconisé par la profession. Une situation d’autant plus ubuesque qu’il s’agit d’une population de malades en ALD pris en charge à 100 % par la solidarité (pour les soins en lien avec leur pathologie).
Les acteurs de la télécardiologie se veulent optimistes et appellent à « un sursaut urgent et nécessaire » des pouvoirs publics. Ils veulent croire que « le regard nécessairement nouveau » du nouveau directeur général de la CNAM, Nicolas Revel, permettra de faire aboutir le dossier.
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