Les médicaments prescrits dans l’hypercholestérolémie coûtent trop cher au système de soins français. Le directeur de la CNAM, Frédéric van Roekeghem, l’a affirmé ce mercredi 29 mai, à l’occasion d’une conférence de presse sur les dépenses de santé.
« Nous avons un potentiel d’économies majeur de 500 millions d’euros par an », a-t-il expliqué, en référence aux statines utilisées dans le traitement de 6,4 millions de patients en France.
Où trouver ces économies ? La caisse suggère de faire davantage appel aux génériques. Actuellement, près de 30 % des prescriptions de statines concernent la rosuvastatine, une molécule non génériquée, alors qu’il existe une alternative génériquée beaucoup moins chère, la simvastatine, qui n’est employée que dans 16,4 % des cas dans notre pays.
Les médecins accusés de prescrire à tort les produits les plus récents
La CNAM souligne que la structure de consommation des statines est exactement inverse dans 7 des principaux pays européens (Allemagne, Royaume-Uni, Pays-Bas, Italie, Finlande, Norvège, Espagne). La rosuvastatine y occupe une place minoritaire (7,8 % des ventes en moyenne) tandis que la simvastatine y est majoritaire (82,5 % en Allemagne). Résultat : le coût moyen journalier est deux fois plus élevé en France que dans ces pays.
Selon le Pr Hubert Allemand, médecin conseil national, les raisons sont « culturelles » car les médecins français « préfèrent prescrire les produits les plus récents alors qu’ils n’ont pas forcément d’avantages par rapport aux autres ». Il serait possible d’économiser jusqu’à 500 millions d’euros par an, sans nuire à la qualité des soins, selon la CNAM. Elle s’appuie sur une étude qu’elle a menée (1), à partir de ses données et de celles du PMSI (2), afin de mesurer l’efficacité sur la morbimortalité entre la rosuvastatine 5 mg et la simvastatine 20 mg.
L’efficacité des statines prouvée
Résultat : il n’y a pas de différence significative entre les deux molécules. La CNAM conclut qu’il n’y a pas de raison de prescrire préférentiellement la rosuvastatine pour éviter la survenue d’événements cardiovasculaires graves.
Elle rappelle par ailleurs les recommandations de la Haute Autorité de santé qui préconise une prescription de statines en complément de la mise en œuvre de mesures hygiéno-diététiques en amont du traitement. Dans ces conditions, la HAS indique que les statines ont une efficacité clinique reconnue chez le patient à risque cardiovasculaire. Le risque d’événements cardio-vasculaires baisse de 15 à 23 %.
N’en déplaise au Pr Even… Dans un livre polémique publié en février (« La vérité sur le cholestérol »), le médecin réglait leurs comptes aux statines qu’il jugeait totalement inutiles.
(1) 163 801 patients (âgés de 40 à 79 ans) en prévention primaire, ont été suivis sur 3 ans en moyenne.
(2) Programme de médicalisation des système d’information
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