LE PROGRAMME d’accompagnement personnalisé des patients diabétiques de l’assurance-maladie a atteint début 2013 le chiffre de 226 000 patients adhérents. Généralisé à l’ensemble du territoire français en début d’année, Sophia vise désormais 1,8 million de patients potentiellement éligibles au dispositif (*). Prudente, l’assurance-maladie table sur 450 000 adhérents à l’horizon 2014. La CNAM souhaite réduire la part des patients qui ne réalisent pas du tout de dosage de l’hémoglobine glyquée, et d’augmenter le recours à la consultation ophtalmologique.
Selon Frédéric van Roekeghem, patron de la CNAM, Sophia est une pleine réussite. Au terme d’une évaluation médicoéconomique du dispositif, il ressort que, sur la période 2008-2011, les adhérents au service ont vu le suivi de leur diabète s’améliorer. Les indicateurs sont meilleurs, qu’il s’agisse de la surveillance de l’équilibre glycémique, de la fonction rénale, ou de la régularité des examens ophtalmologiques. De plus, les adhérents Sophia ont des dépenses de soins (ambulatoires et hospitaliers confondues) inférieures de 226 euros à celles d’un groupe témoin, assure la CNAM.
Pour Frédéric van Roekeghem, « plus on développe le programme Sophia, plus son coût baisse ». Il devrait s’établir à 82 euros par patient en 2013 et à 69 euros en 2014.
Des syndicats très critiques.
Le programme, dont un rapport de l’IGAS de 2012 mettait en cause l’intérêt, est sévèrement critiqué par les médecins même si 56 000 praticiens participent au programme. À la FMF, le Dr Hamon ne décolère pas. « Avec Sophia, la Sécu s’érige en organisatrice de soins, ce qui ne fait pas partie de ses missions », juge-t-il. Qualifiant le dispositif de « gabegie financière », le patron de la FMF estime que le suivi des diabétiques devrait naturellement revenir aux professionnels de santé libéraux. « Sophia va connaître le même sort que la vaccination contre le H1N1, prévient-il : on aurait pu vacciner 100 % de la population pour 10 euros par personne en faisant confiance aux libéraux, résultat, on a vacciné 10 % de la population pour 100 euros par personne ».
Le président de MG France, le Dr Claude Leicher n’est pas plus tendre sur Sophia. « Les programmes de disease management n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, assure-t-il, mais comme en France on avait du retard sur le suivi des patients, n’importe quelle organisation mise en place par l’assurance-maladie aurait amélioré les indicateurs ». Claude Leicher milite plutôt pour le dispositif ASALEE (Action de santé libérale en équipe), qui poursuit, avec des professionnels de soins libéraux, le même but que Sophia. Pour le chef de file de MG France, outre le fait qu’il a été évalué et approuvé par l’IRDES et l’IGAS, ASALEE prend tout le monde en charge, sans faire appel au volontariat. « Dans ce type de démarche, conclut Claude Leicher, le volontariat creuse les inégalités car il exclut les plus défavorisés ».
Sur Internet, certains médecins opposés à Sophia diffusent une affiche à apposer dans les cabinets pour dissuader leurs patients diabétiques d’adhérer au dispositif... au risque de devoir « trouver un autre médecin traitant ».
(*) : Le service est proposé aux patients atteints de diabète de type I ou II, âgés de plus de 18 ans, pris en charge à 100 % par le régime général, qui doivent avoir désigné un médecin traitant. Sur les 3 millions de diabétiques en France, seul 1,8 million est éligible au dispositif.
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