« Donner des elles à la santé »

Un forum pour valoriser l'action des femmes dans la santé 

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Publié le 04/07/2016
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FEMMES

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Crédit photo : J.Rambaud

« Ce forum est né il y a quelques mois de la rencontre d'un groupe de femmes issues du monde de la santé, explique Emmanuelle Quilès, présidente directrice générale de Janssen France. Le but est de donner aux femmes confiance en elles, les aider à construire leur carrière et à mener à bien leurs ambitions ».

Elle note que les femmes, bien que présentes à 45 % dans les filières scientifiques, restent largement absentes des organes décisionnaires. « Le leadership reste l'apanage de la gent masculine. On remet beaucoup les femmes en question et il subsiste encore beaucoup d'a priori : est-ce que cette femme va être capable de diriger des hommes, d'avoir une vision stratégique, etc. » Pour elle, « il faut surtout donner envie aux femmes l'envie et les conditions pour oser ».

Formation et coaching

Depuis 18 mois, elle a accompagné la création dans son entreprise de programmes, de sessions de formation de leadership et de sessions de coaching où les femmes sont accompagnées individuellement. « J'ai un seul message : osez mesdames, le monde de la santé a besoin de vous ! », s'exclame Emmanuelle Quilès.

C'est ce qu'ont fait notamment le Dr Anne-Sophie Michallet et sa mère, le Pr Mauricette Michallet, toutes deux spécialisées en hématologie. « La médecine est un combat car il faut passer des étapes très difficiles, souligne le Pr Mauricette Michallet, PUPH au service d'hématologie au Centre hospitalier Lyon-Sud. Actuellement il y a plus de femmes que d'hommes en première année de médecine, mais ensuite les choses commencent à se gâter. Il faut accepter en tant que femme d'attendre, car on n'est pas récompensées au même âge que les hommes et on nous demande plus. La poursuite d'une carrière demande un investissement très fort. Cela ne m'a jamais pesé car je l'ai fait avec passion. » Elle note que « sur des postes à hautes fonctions, il n'est pas facile pour une femme d'exister ». Et cette difficulté rebute parfois les femmes qui s'interdisent de progresser. « Les femmes ne s'autorisent pas à aller plus haut, elles arrêtent l'exploitation de leur intelligence », regrette-t-elle. « La femme aurait un pouvoir et des possibilités extrêmes mais elle ne s'en donne pas le droit. Il faut que les femmes arrêtent d'arrêter leur carrière ! » lance-t-elle. Sa fille le Dr Anne-Sophie Michallet, a suivi les traces de sa mère et travaille désormais au département d'hématologie du centre Léon Bérard à Lyon. « Cela n'a pas beaucoup évolué depuis l'époque de ma mère, observe-t-elle. On doit toujours attendre et on nous demande d'être encore plus brillantes que les hommes. » Mais tout comme sa mère, elle souligne que « le seul élément essentiel c'est la passion. On peut y arriver si on aime ce qu'on fait et qu'on travaille pour réussir ».

Une femme au sommet… de l'Everest

Un avis partagé par le Dr Christine Janin, médecin et alpiniste. Première femme à avoir atteint le sommet de l'Everest, elle a créé une association « À chacun son Everest ». L'association a d'abord permis aux enfants malades de gravir « leur Everest » et, depuis 5 ans, elle permet d'accompagner des femmes dans l'après-cancer du sein. « La médecine m'a permis de vivre ma passion », déclare le Dr Janin. « J'accompagne 12 femmes à chaque expédition et je les aide à retrouver une âme d'enfant, à lâcher prise, à demander de l'aide. Souvent, les femmes portent tout, sans jamais se plaindre. On les aide à accepter les soins, on leur propose des activités (massage, yoga). Et à la fin d'une semaine, on retrouve d'autres femmes avec des vraies envies : de reprendre le travail, d'oser, etc. » Jacqueline Hubert, directrice générale du centre hospitalier universitaire de Grenoble, annonce que le Forum femmes et Santé va mettre en place un système de « marrainage » pour des jeunes femmes souhaitant progresser dans leur carrière. « Nous lançons un appel à candidates afin que nos jeunes collaboratrices puissent elles aussi accéder à des hauts postes. Le bureau pourrait suivre une ou deux personnes pour lui donner des conseils et créer un réseau en Rhône-alpes pour aider les femmes ». À bonne entendeuse !

De notre correspondante Anne-Gaëlle Moulun

Source : Le Quotidien du médecin: 9510