Ancien membre du Conseil consultatif national d’éthique (CCNE) et président du conseil d’orientation de la Fondation de l’islam de France (FIF), le Pr Sadek Beloucif rappelle que « la France a été le premier pays au monde à se doter d’un comité d’éthique, en 1983, alors que l’opinion publique était alertée sur le clonage de la brebis Dolly et que la PMA commençait à faire débat. Il s’est agi de regrouper toutes les problématiques (organismes génétiquement modifiés, fin de vie, trafic d’organe, essais thérapeutiques, clonage humain, procréation assistée, éthique de l’environnement, biodiversité) dans un même corpus juridique, la loi dite bioéthique, en élaborant une information, une réflexion et une conscience critiques sur des sujets complexes, au moment où les sciences et les technologies évoluent à grande vitesse. D’où les révisions législatives prévues tous les sept ans. La France est devenue un modèle international, observe le Pr Beloucif, pour faire de la bioéthique l’affaire de tous les membres de la société, des profanes aux experts, pour choisir la manière de vivre ensemble socialement et politiquement les progrès médicaux.
La bioéthique est l’affaire de tous.
« Cette démarche visant à faire de la bioéthique l’affaire de tous s’appuie sur une pédagogie du débat, poursuit le Pr Beloucif, qui enseigne cette méthodologie dans des formations internationales dispensées par l’UNESCO : on part de données souvent rudimentaires et cadenassées, avec des réactions émotives excitées par des campagnes d’opinion ; pour faire sauter les verrous, on transcrit les faits en valeurs : par exemple, pour la GPA, on identifie la valeur d’assistance aux couples en souffrance, d’une part, et la valeur d’assistance à la personne démunie, d’autre part ; on essaie ensuite de repérer la valeur principale et d’analyser l’éventuel conflit de devoir qui est posé. C’est le choix de la valeur primordiale qui va orienter la décision finale, à la faveur d’un débat aussi apaisé que possible. Parfois, comme dans le cas de la GPA, nous sommes tiraillés entre deux formes de détresse à soulager, celle du couple stérile et celle de la mère porteuse et il est alors difficile de choisir. C’est pourquoi dans le passé le CCNE a choisi de ne pas choisir sur un tel sujet.
« Les religions ont bien sûr leur mot à dire dans ces débats, dès lors qu’elles ne sont pas caricaturales, ni caricaturées. Elles défendent des valeurs morales pour construire à l’échelle des pays et du monde des normes, des règles et des pratiques bioéthiques qui font consensus et nondissensus. C’est toute une démarche d’analyse et de déduction qui doit s’engager selon les cultures propres aux pays et selon les religions qui y sont pratiquées. »
Une démarche qui est devenue mondiale avec la création du Comité international de bioéthique (1993), la déclaration universelle sur le génome humain et les droits de l’homme (1997) et la déclaration universelle sur la bioéthique et les droits de l’Homme (2005).
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