CRÉER une « plate-forme de travail, d’information et d’échanges » avec les professionnels de la santé, c’est l’objectif des journées de l’Agence de la biomédecine (ABM), organisées pour la première fois et qui auront lieu les 14 et 15 décembre à la Maison de la Mutualité à Paris. Le programme est chargé puisqu’il vise toutes les activités dont l’Agence est chargée par la loi de bioéthique du 6 août 2004. Placée sous la tutelle du ministère de la Santé, l’ABM est « la seule agence en Europe qui encadre les quatre domaines du prélèvement et de la greffe, de la procréation, de l’embryologie et de la génétique humaines », précise sa directrice, Emmanuelle Prada-Bordenave. Toutes les sessions de travail proposées pour ces journées poursuivent un but commun « d’amélioration de l’accès aux soins pour tous les patients qui en ont besoin ». « L’Agence place le patient au cur du travail qu’elle mène en collaboration avec les professionnels de santé », insiste-t-elle, la comparant à une instance de régulation.
Un historien, Georges Vigarello (École des Hautes études en sciences sociales), et un anthropologue, David Le Breton (Université Marc Bloch de Strasbourg), auront pour mission d’apporter le regard des sciences humaines à travers deux questions : « A qui appartient le corps ? » et « Quels sont les effets de l’individualisation de la société sur la représentation du corps humain ? ». Plusieurs groupes de travail seront dédiés à l’activité de prélèvement et greffe d’organes et de tissus, au Réseau épidémiologique et information en néphrologie (REIN), à la greffe de moelle osseuse, à la recherche sur l’embryon et les cellules souches embryonnaires humaines. L’activité de coopération internationale menée par l’Agence sera également évoquée avec, par exemple, les pays qui débutent une activité de greffe (un colloque France-Maghreb devrait avoir lieu à Alger enjanvier 2010).
Idées reçues.
La session concernant l’assistance médicale à la procréation (AMP) sera d’autant plus importante que l’Agence compte associer les professionnels de santé à la création d’un « matériau d’information spécifique afin de les aider à renseigner et guider leurs patients ». L’ABM compte en effet poursuivre, en 2010, sa campagne nationale d’information sur l’AMP, et notamment sur le don de gamètes. « Nous devons sortir l’AMP de l’image technique du bébé-éprouvette, plaide Emmanuelle Prada-Bordenave. L’AMP est d’abord une histoire de couple. Il faut rectifier les fausses idées reçues, qui sont autant de freins à l’activité ». En voici des exemples.
– « Il n’y a pas d’harmonisation des pratiques, chaque centre a sa méthode » : Faux. L’ABM, qui délivre les agréments des professionnels et les autorisations des centres, veille à ce que la prise en charge des patients offre partout en France le meilleur niveau de sécurité et de qualité, par le biais de référentiels. Toutefois, une certaine marge de manuvre est possible dans la stratégie de prise en charge des couples. L’analyse des données transmises par les centres à l’ABM (bilan d’activité annuelle) ne permet pas d’évaluer les centres en tenant compte des informations sur le parcours de chaque couple. À terme, les chiffres du registre des FIV qui contiennent ce type d’informations permettront de dégager une moyenne générale et chaque centre pourra se situer par rapport à cette moyenne.
– « L’AMP ne fait qu’augmenter en France car elle n’est pas toujours utilisée dans le cadre réglementaire » : Faux. L’activité est stable depuis 2002 et ne concerne que les couples infertiles en âge de procréer (marié ou justifiant de deux ans de vie commune) ou pour éviter la transmission d’une maladie grave. Par ailleurs, aucune technique n’est plus performante qu’une autre : le choix dépend de la particularité du type d’infertilité propre à chaque couple.
– « La femme est féconde tant qu’elle a ses règles et les hommes ne sont pas concernés par la baisse de la fertilité » : Faux. L’AMP « n’est pas une baguette magique », répète le Dr Joëlle Belaisch-Allart, chef du service de gynécologie obstétrique et reproduction humaine de Sèvres (92). En France, l’âge moyen de prise en charge en AMP varie entre 32 et 34 ans. Au-delà de 40 ans, les chances « raisonnables » de résultats ne concernent que les femmes à « réserve ovarienne satisfaisante » et « utérus normal ». Mais même quand les paramètres sont positifs, l’AMP ne permet d’obtenir que des résultats limités lorsque l’âge féminin augmente. Les hommes ne sont pas non plus épargnés : la chute de leur fertilité est bien réelle, une baisse significative à partir de 45 ans.
Programme et inscription (gratuite mais obligatoire) sur polynome.fr/journees-biomedecine.
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