Plus de 8 % des athlètes participant aux Jeux européens de Bakou en juin 2015, sur les 6 000 présents, auraient pris du meldonium, un médicament anti-ischémique placé par l'Agence mondiale antidopage (AMA) sur la liste des produits interdits depuis le 1er janvier 2016.
Ces chiffres émanent d'une étude réalisée par le Pr Klaus Steinbach, le Dr Christian Schneider et le pharmacien Mark Stuart, tous membres du Comité olympique médical européen, et publiée dans le « British Journal of Sport Medicine ». Les chercheurs ont examiné les tests pratiqués sur 864 prélèvements (762 échantillons d'urine et 102 échantillons sanguins) et les déclarations faites par les sportifs ou leur staff médical dans les questionnaires antidopage. Les auteurs révèlent que 66 échantillons d'urine, soit 8,7 % du total, étaient positifs pour le meldonium, avec des concentrations urinaires comprises entre 0,7 et 273 µg/mL.
Une sous-déclaration inquiétante
Environ 80 % des 662 questionnaires analysés comprenaient des déclarations d'utilisation de médicaments ou de suppléments nutritionnels. Dans 3,5 % des cas, ces déclarations concernaient l'usage de meldonium au moment des Jeux. Ce qui dénote une sous-déclaration de l'usage de cette molécule, eu égard au 8,7 % de tests positifs décrits précédemment. Les auteurs attribuent en partie cette sous-déclaration à des erreurs ou des méconnaissances, mais également à des fraudes délibérées.
« Tous les athlètes participants aux Jeux n'ont pas été testés, précisent-ils, nous ne pouvons donc pas calculer avec précision la prévalence de l'usage de meldonium. » Si l'on applique les 8,7 % calculés par les auteurs aux athlètes provenant des 7 pays où le meldonium est disponible, on obtient un total de 114 athlètes dopés. « Une extrapolation à toute la population d'athlètes donnerait un total de 490 athlètes, mais ce chiffre serait vraisemblablement surestimé », expliquent les auteurs.
Les chercheurs précisent que 13 athlètes revenus médaillés de Bakou ont déclaré avoir pris du meldonium lors des Jeux européens, dont 6 médaillés d'or, 5 médaillés d'argent et 2 médaillés de bronze. Les athlètes reconnaissant avoir pris du meldonium concouraient dans 15 des 21 disciplines des Jeux européens : taekwondo, lutte, plongeon, natation, cyclisme sur route, athlétisme, escrime, boxe, gymnastique, volley-ball, et course en ligne (une variante du canoë-kayak).
Une majorité d'athlètes d'Europe de l'Est
Le meldonium est un inhibiteur de la synthèse de la carnitine vendu en ligne en Russie, en Lituanie, en Biélorussie, en Ukraine et dans plusieurs pays d'Asie centrale. Il est principalement utilisé pour le traitement des cardiopathies ischémiques, avec une posologie de l'ordre de 500 à 1 000 mg par jour pendant 7 à 10 jours. Certains médecins d'Europe de l'Est s'en servent également comme traitement de la dépendance à l'alcool. Après un an passé sur la liste des substances surveillées par l'Agence mondiale antidopage, le meldonium a rejoint le club des substances interdites le 1er janvier 2016.
Cette molécule s'est fait connaître récemment, après l'aveu de la joueuse de tennis Maria Sharapova, qui a reconnu avoir eu recours à ce produit dopant. Plus récemment, le biathlète Eduard Latypov a été suspendu de toutes compétitions suite à un contrôle positif pour le meldonium. En tout, 12 sportifs ont été contrôlés positifs depuis le 1er janvier 2016, en grande majorité russes et ukrainiens.
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