Des Sud-Africaines, porteuses du VIH, stérilisées de force, selon un rapport de la Commission pour l’égalité des sexes du pays

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Publié le 25/02/2020

Crédit photo : AFP

Un rapport de la Commission pour l’égalité des sexes (CGE) en Afrique du Sud a révélé qu’une cinquantaine de femmes, majoritairement porteuses du VIH, ont été stérilisées de force dans les hôpitaux du pays.

Publiée lundi, cette enquête a été lancée en 2015 suite à l’alerte de deux organisations de défense des droits des femmes, « Her Rights Initiative » et « International Community of Women Living with HIV ». Ces organisations ont documenté 48 cas de stérilisation forcée qui se sont déroulés entre 2012 à 2015.

Des stérilisations sans consentement

Les témoignages, recueillis sous serment, font état d’actes réalisés sans consentement ou après des pressions. « Alors qu’elles étaient sur le point d’accoucher (…) elles ont été contraintes ou forcées de signer des formulaires dont elles ont appris par la suite qu’il s’agissait de formulaires de consentement permettant par divers moyens à l’hôpital de les stériliser », détaille notamment le rapport.

Dans d’autres cas, « les plaignantes ont reçu les formulaires pendant qu'elles souffraient de douleurs extrêmes et on leur a dit qu'elles ne recevraient pas d'assistance médicale avant d'avoir signé les formulaires », poursuit le rapport.

À la suite de ces stérilisations, que certaines n’ont appris que des années plus tard lors de consultations de gynécologues dans le privé, des cas de dépression ou de femmes abandonnées par leur conjoint ont été recensés.

« Toutes les femmes qui ont déposé plainte étaient des femmes noires qui étaient majoritairement porteuses du VIH », indique Keketso Maema, directrice générale du CGE, citée par l’AFP. Certaines de ces femmes ont subi des humiliations liées à leur maladie. « Quand j'ai demandé à l'infirmière à quoi servaient les formulaires, l'infirmière a répondu en disant : "Vous, les personnes vivant avec le VIH, vous ne vous posez pas de questions quand vous faites des bébés. Pourquoi posez-vous des questions maintenant, vous devriez être stérilisés, les personnes avec le VIH, vous aimez faire des bébés et ça nous agace. Il suffit de signer les formulaires" », témoigne une des plaignantes, citée dans le rapport.

Une mise en cause du personnel hospitalier

Le rapport apparaît sévère à l’égard du personnel hospitalier, accusé d’avoir exposé ces patientes à des violations graves des droits humains, de les avoir soumises à des « traitements dégradants », mais aussi d’avoir failli à leur « obligation de soins ».

La présidente de la CGE, Tamara Mathebula, a reconnu, auprès de Reuters, que « l’ampleur du problème en Afrique du sud n’est pas clair », mais a dit espérer que « les recommandations de l’enquête ouvriront la porte à des questions qui ne sont pas encore entièrement connues ».

Ces recommandations invitent à la poursuite des investigations pour déterminer la prévalence de ces stérilisations forcées dans le pays. Elles préconisent également que les autorités se saisissent de cette question et s’engagent dans des mesures concrètes d’éradication de ces pratiques. Le rapport encourage également les autorités à mettre en conformité les pratiques de recueil du consentement avec les standards internationaux. « Les patients ne peuvent pas être informés des procédures quelques minutes avant d'aller en chirurgie. Les patients doivent également être informés qu'ils sont libres de changer d’avis à tout moment avant la procédure », insiste le rapport.

Avec AFP

Source : lequotidiendumedecin.fr