Alors que le gouvernement allemand doit présenter cette semaine une nouvelle loi destinée à faciliter l’accueil, le logement puis l’intégration des migrants et réfugiés, une proposition faite par le ministre de la santé, Hermann Gröhe, suscite l’inquiétude, voire la colère, du corps médical : les médecins migrants arrivés en Allemagne sans papiers pourraient, après avoir prêté serment, être autorisés à soigner les autres migrants, toutefois sous le contrôle d’un médecin allemand ou légalement installé en Allemagne.
Soigner les migrants pas la population générale
Selon le ministère de la santé, les médecins et soignants exerçant en Allemagne sont débordés face à l’afflux de migrants, et il serait plus simple d’autoriser, dès leur arrivée, les médecins migrants à s’occuper de leurs compatriotes, y compris pour des raisons de proximité linguistique.
Toutefois, beaucoup de migrants arrivent sans papiers, ou avec de simples documents d’identité, mais n’ont ni leurs diplômes ni leurs documents professionnels avec eux. Le ministère souhaite que les migrants qui se déclarent médecins jurent sous serment qu’ils le sont vraiment, puis passent un entretien avec des médecins qui vérifieront leurs dires. Ensuite, ils pourraient être autorisés à soigner les autres migrants, mais pas la population générale. La proposition suscite les plus vives réserves de la part des médecins.
À l’encontre des règles concernant l’autorisation d’exercice
Le Pr Frieder Hessenauer, président de l’Ordre régional des médecins de Rhénanie-Palatinat, estime par exemple, que cette mesure revient à « donner un diplôme de médecine contre une simple poignée de main », alors que dans le même temps, les examens, les contrôles de connaissances et les procédures d’autorisation d’exercice sont de plus en plus strictes en Allemagne... On peut en outre s’interroger sur la compatibilité d’une telle « dérogation » avec les règles européennes.
Beaucoup de médecins réclament un retrait pur et simple de ce projet, l’ensemble des Ordres régionaux rappelant toutefois qu’il faut tout faire pour garantir un accès rapide et équitable des migrants aux structures et soins de santé. Dans ce cadre d’ailleurs, les principales caisses de maladies se déclarent favorables à ce que les migrants puissent disposer rapidement de cartes d’assurés sociaux leur permettant de se faire soigner rapidement et sans frais.
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