Révélée en 2019 par « L'Express », l’affaire du charnier Descartes, qui avait mis au jour les conditions indignes de conservation des dépouilles de personnes ayant fait don de leur corps à la science, a donné lieu à première décision judiciaire, dévoilée par « Le Monde ». Le tribunal administratif de Paris a condamné, le 2 novembre, l’université Paris Cité au versement d’une indemnité de 15 000 euros pour « préjudice moral » au bénéfice de l’ex-secrétaire générale du Centre du don des corps de Descartes, Dominique Hordé.
En poste de 2016 à 2018, elle avait lancé plusieurs alertes sur les conditions indécentes de conservation des dépouilles. Le tribunal estime que l’université a exposé Dominique Hordé, « soucieuse de l’éthique de la conservation des corps et du respect dû aux familles de donateurs », à « des risques physiques, sanitaires et psychosociaux » ayant eu des « retentissements importants sur sa santé, dont les plus graves (...) ont été reconnus comme accident puis maladie d’origine professionnelle ».
Plusieurs mises en examen en cours
L’université s'est également « abstenue de prendre les mesures nécessaires et adaptées » pour « remédier aux dysfonctionnements graves dus à la vétusté des locaux », pour « faire cesser la manipulation irrespectueuse des corps » et « pour apporter son concours à Mme Hordé dans la gestion particulièrement difficile de l’équipe des préparateurs », est-il ajouté.
« Les tensions entre Mme Hordé et les préparateurs se sont aggravées car l’équipe a refusé la mise en œuvre de travaux, susceptibles de changer ses habitudes, ainsi que toute formation, perçue comme une surveillance, et n’a pas accepté que ses pratiques soient remises en cause », poursuit encore le jugement. Si le harcèlement moral n’a pas été retenu, la situation à laquelle Mme Hordé « a essayé de remédier (...) a engendré une souffrance au travail », lit-on.
La révélation du scandale a donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire, en juillet 2020, portant sur les conditions de conservation et de mise à disposition des corps au sein de l’établissement. L’enquête a débouché sur plusieurs mises en examen pour « atteinte à l’intégrité d’un cadavre » de deux anciens préparateurs du centre anatomique de la rue des Saints-Pères, de l’université Paris Cité et de Frédéric Dardel, l’ancien président de Paris Descartes (2011-2019).
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