LES OBJECTIFS du millénaire sont clairs : les gouvernements se sont engagés en 2000 à diminuer d’ici à 2015 la mortalité infantile et à améliorer la santé maternelle, évaluée à partir de deux indicateurs : la baisse de trois quarts de la mortalité et l’accès universel aux soins de santé reproductive. Beaucoup reste à faire pour atteindre ces objectifs. En 2005, les décès maternels ont été évalués à 536 000, dont 99 % (533 000) se sont produits dans les pays en développement, la moitié en Afrique subsaharienne (270 000) et le tiers en Asie du sud (188 000). Globalement, la mortalité maternelle (nombre de décès pour 100 000 naissances vivantes) a peu varié au cours des années 1990, avec une légère diminution de 6 % en quinze ans. Chaque année, près de 4 millions d’enfants meurent au cours des premiers mois de vie et, là aussi, la majorité (99 %) de ces décès surviennent dans les pays pauvres, surtout en Afrique. Entre un quart et la moitié de ces décès se produisent dans les premières 24 heures après la naissance, trois quarts dans la première semaine. « Une action plus efficace est aujourd’hui nécessaire », estime l’ONU.
Nouvelle approche.
Un rapport signé du Fonds des Nations Unies pour la population (UNFPA) et de l’Institut Guttmacher, association à but non lucratif destinée à promouvoir la santé sexuelle et reproductive aux États-Unis et dans le monde, apporte des arguments en faveur d’une nouvelle approche. « La continuité des soins est indispensable si l’on veut aider les individus et les couples à mieux planifier les grossesses et si l’on veut qu’ils accèdent aux services de soins au moment opportun, avant, pendant et après l’accouchement, y compris pour la prise en charge des complications chez les mères et les nouveau-nés », expliquent-ils. L’accès universel à un service de ce type permettrait de réduire de 70 % le nombre de décès maternels (de 550 000 à 160 000) ; le nombre de décès de nouveau-nés serait réduit de moitié. Ce type d’intervention est bien plus efficace que si l’on cherchait à améliorer chacun de ces services séparément.
Le constat est simple : en 2008, 215 millions de femmes auraient voulu éviter une grossesse mais n’ont pas eu accès à des méthodes contraceptives efficaces. « En programmant mieux les naissances, on peut réduire les complications liées à la grossesse et à l’accouchement et, du même coup, améliorer la santé des femmes et des enfants », souligne le rapport. Quelque 20 millions ont eu recours à un avortement pratiqué dans des conditions de sécurité non optimales. De plus, parmi les 123 millions de femmes qui accouchent chaque année, seulement la moitié ont bénéficié de soins pendant et après la grossesse, y compris les soins de routine.
L’analyse montre qu’un accès universel au service conjoint de planning familial et de santé maternelle et infantile améliorerait de manière considérable ces chiffres. Le nombre de grossesses non désirées serait réduit de deux tiers et celui des avortements peu sûrs de 73 %. Le nombre d’années de vie en bonne santé perdues du fait d’une invalidité ou d’une mort prématurée diminuerait de 60 %.
Bénéfices collatéraux.
Pour parvenir à un tel résultat, il suffirait de doubler les sommes actuellement dépensées en faveur des programmes de Planning familial et de santé de la mère et de l’enfant : 24 milliards de dollars par an seraient nécessaires au lieu des 12 milliards aujourd’hui disponibles. « Ce n’est pas de la science spectaculaire. Mais seulement le recours à des services basiques susceptibles d’être délivrés à moindre coût au niveau local, complétés en cas de nécessité par le recours à des soins d’urgence », relève le Dr Sharon Camp, président de l’Institut Guttmacher. Des bénéfices sont d’ailleurs attendus dans d’autres domaines, comme celui de la prévention des IST et de l’infection par le VIH, ou d’autres au-delà de la santé, comme l’éducation des femmes ou l’amélioration de leur statut socio-économique. « Investir pour les femmes est un gage de bénéfices énormes, pas seulement pour les individus ou leur famille mais pour la société dans son entier », conclut le Dr Camp.
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