Elles sont imposantes mais affichent un design moderne et soigné et des outils high-tech : les cabines de téléconsultation fleurissent en France avec de nouveaux entrants. Objectif ? Combler la pénurie de médecins traitants mais aussi répondre à la demande ponctuelle de soins non programmés.
En 2020, contexte sanitaire oblige, le nombre de téléconsultations a explosé avec plus de 17 millions d'actes à distance : un million par semaine en avril et début mai, environ 500 000 par semaine sur le mois de novembre et 100 000 depuis mi-décembre, selon l'Assurance-maladie. Les règles dérogatoires dans le cadre de l'état d'urgence sanitaire prolongé (remboursement à 100 %, autorisation des consultations complexes, exceptions au parcours de soins, etc.) ont soutenu la dynamique qui profite à l'ensemble de ce secteur industriel.
Les derniers baromètres Odoxa (janvier 2021 et juin 2020) sur les usages de télémédecine montrent que les cabines représentent désormais 3 % des moyens utilisés pour la vidéotransmission, certes loin derrière les outils des plateformes commerciales (autour de 40 %), les solutions Skype, WhatsApp et Face Time (30 %), les webcams/téléphone (30 %) et les initiatives des agences régionales de santé (11 %). Mais les télécabines connectées séduisent de plus en plus les collectivités locales en mal de praticiens, soucieuses de proposer une offre complémentaire, ainsi que certaines entreprises qui promettent de faciliter l'accès rapide à un généraliste ou à spécialiste.
Marché porteur
La start-up Medadom a lancé son offre en janvier. Spécialisée dans la visite à domicile, puis dans la téléconsultation, elle a diversifié son activité en proposant des bornes connectées et désormais des cabines insonorisées. « Plus de 650 bornes sont déjà installées en pharmacie et placées dans une salle à part, trois cabines viennent d'être installées en Ile-de-France et PACA, en pharmacie et mairie », détaille Elie-Dan Mimouni, cofondateur de Medadom.
Les concurrents H4D et Tessan, lancés depuis plus de deux ans, profitent également de ce marché porteur. La croissance « a été multipliée par deux en 2020, détaille Justin Bollet, directeur commercial de Tessan. 150 cabines sont installées en pharmacie et 10 dans des collectivités. On projette 500 installations cette année. »
Déjà présent dans les entreprises, le pionnier H4D jette son dévolu sur les collectivités, dont les commandes ont doublé. Et la demande est parfois spectaculaire : cinq cabines de télémédecine H4D ont été acquises en 2020 par le département de l'Ain afin d’apporter une ressource médicale supplémentaire à très court terme (à hauteur de 100 000 euros par cabine). La première est opérationnelle à Montréal-la-Cluse, depuis le 26 novembre, dans un secteur où 20 % de la population n'a pas de médecin traitant. D'autres départements, comme la Seine-et-Marne, ont sauté le pas.
Équipements numérotés et ordonnances
Balance, tensiomètre, oxymètre, thermomètre, dermatoscope, otoscope, ECG, audiogramme, stéthoscope, etc. : ces cabines peuvent proposer jusqu'à une dizaine d'outils connectés. « L'utilisation de dispositifs médicaux sécurise le praticien. La visio, parfois, ne suffit pas. C'est finalement une consultation dématérialisée de qualité », avance Arnaud Wilmet, directeur médical de H4D.
À défaut d'un suivi du patient au long cours, tout a été fait pour simplifier les démarches en amont et pendant la téléconsultation – dont la durée oscille entre 10 et 25 minutes. Chaque instrument est numéroté pour guider le malade et une ordonnance peut être imprimée au besoin. À ce stade, les motifs concernent principalement des soins primaires.
Larges plages d'utilisation
En général, le patient prend rendez-vous directement sur internet ou via sa pharmacie, mairie ou entreprise. Le format sans réservation est aussi proposé. Dans les deux cas, le patient précise s'il a un médecin traitant et/ou s'il est indisponible. Une fois installé dans la cabine, le temps d'attente est estimé en direct pour accéder à un généraliste. Les opérateurs promettent des délais proches de 10 minutes, voire inférieurs.
Sur ce secteur concurrentiel des cabines de téléconsultation, ces entreprises essaient d'être présents sur de larges plages horaires – soit 6 ou 7 jours sur 7 de 9h à 20 h. Sept à huit téléconsultations sont réalisées par jour et par cabine, estime le nouveau venu Medadom. Jusqu'à 500 à 600 par mois, observe H4D. Quant aux médecins engagés, ils peuvent être salariés (d'un centre de santé) et consacrer une part de leur activité à la téléconsultation, praticiens retraités ou encore libéraux installés et proposer des créneaux de prise en charge.
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