Afin de faciliter l’identification des bactéries résistantes aux antibiotiques dans les pays ne disposant pas de ressources nécessaires, un groupe de chercheurs et ingénieurs* a développé une appli pour smartphone capable de réaliser l’analyse et l’interprétation des antibiogrammes.
« Il fallait créer une application gratuite et facile d’utilisation et développer de nouveaux algorithmes pour traiter efficacement l’image d’un antibiogramme sur un smartphone », explique Amin Madoui, chercheur au laboratoire Génomique Métabolique du Genoscope (CEA/CNRS/Université d’Évry, site de Genopole), qui a lancé le projet avec Médecins Sans Frontières (MSF) en 2018.
Qualifiée de « défi sanitaire » par l’OMS, l’antibiorésistance « pourrait devenir la première cause de mortalité au monde devant les cancers et causer alors 10 millions de morts par an, dont près de 90 % en Asie et en Afrique, faute de moyens », rappelle MSF. C’est pour s’attaquer à ce fléau que les chercheurs ont développé cette application, accessible sans connexion internet. L’outil, présenté dans Nature Communications, permet de prendre des photos de l’antibiogramme avec le smartphone et guide l’utilisateur durant l'analyse. « La procédure de mesure entièrement automatique atteint un accord global de 90 % sur la catégorisation de sensibilité par rapport à un système automatique standard hospitalier et de 98 % par rapport à la mesure manuelle (gold standard), avec une variabilité inter-opérateur réduite », notent les auteurs.
Une évaluation des performances cliniques de l’appli sera menée courant 2021 dans trois pays, avant un déploiement plus large à tous les laboratoires des pays à ressources limitées d’ici à 2022.
*Issus de l’Université d’Évry, du CEA, du CNRS, de Médecins Sans Frontières, du service de bactériologie et virologie de l’hôpital Henri-Mondor (AP-HP)
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