« La téléconsultation répond aux enjeux d'accès aux soins », affirment en chœur Les entreprises de télémédecine (LET), association qui réunit une quarantaine d’acteurs français du secteur, à la faveur d’une étude sur les usages de la téléconsultation dans l’Hexagone. « Les patients qui téléconsultent sont 2,5 fois plus nombreux à ne pas avoir de médecin traitant par rapport à la population générale », avancent les entreprises du secteur.
Fruit de l’analyse de plus de 1,8 million de téléconsultations – réalisées en France entre août et novembre 2021 auprès des sociétés Doctolib, Feeli, Livi, Medadom, Qare, Teladoc et Tessan – cette enquête se veut « la première étude européenne de cette envergure », justifie le LET. Les données observationnelles, issues des consultations en ville, ont été échantillonnées et pondérées selon le volume d’activité de chaque entreprise sur la base de 12 000 téléconsultations par société participante, soit 3 000 téléconsultations par mois et par entité.
Urgences, soins non programmés : combler les carences
Dans le détail, 27,6 % des patients téléconsultants n’avaient pas de médecin traitant, contre seulement 11 % en population générale. Un quart d’entre eux vivait dans un désert médical – une zone d'intervention prioritaire, Zip –, contre 17 % de la population française, révélant, selon les industriels du secteur, le « rôle clé » de la visio pour les plus éloignés des soins.
Aussi, « la téléconsultation contribue à diminuer les recours aux urgences », poursuit le LET, car les Français y ont deux fois plus recours le week-end qu’en semaine. Et 19 % des téléconsultations sont réalisées pendant les horaires de permanence des soins ambulatoires (PDS-A). « Cela évite le renoncement aux soins ou les passages aux urgences. La téléconsultation permet, même en journée, de combler les carences en gestion des soins non programmés », affirment les entreprises de télémédecine, qui ont présenté ces résultats préliminaires à Paris Santé Campus, fin mai. Les résultats consolidés devraient être publiés prochainement.
Pas de désorganisation
Si les consultations à distance sont présentées comme un rempart aux recours injustifiées aux urgences, elles ne désorganisent pas pour autant les pratiques en ville. Ainsi, 81 % des téléconsultations ont lieu pendant les horaires habituels d’ouverture du cabinet, 90 % la semaine. Sans surprise, le premier recours est massivement surreprésenté puisque 9 praticiens sur 10 étaient des généralistes.
Alors qu’elle est davantage plébiscitée par les patients « technophiles », plus jeunes – 30 ans en moyenne – et actifs, « la téléconsultation permet notamment de capter une population qui va peu chez le médecin », ajoute l’étude. De plus, près des trois quarts des patients ont pu bénéficier du tiers payant et 7,7 % étaient bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (CSS).
En visio, un taux de prescriptions similaire
Pour résumer, « la téléconsultation est l'une des réponses aux enjeux d’accès aux soins, elle participe à diminuer le recours aux urgences, est accessible à tous et, surtout, elle ne désorganise pas les pratiques », se réjouit le Dr Maxime Cauterman, président du LET, également patron de la société de téléconsultation Livi. L’association met aussi en avant le « gain de temps médical », une consultation visio durant en moyenne 10 minutes, contre 18 minutes en présentiel.
L’étude observationnelle ne dit rien, cependant, de la qualité des pratiques et de l'approche médico-économique de la téléconsultation. Seule donnée qui s’y réfère, le taux de prescription à l’issue d’une téléconsultation est « du même ordre de grandeur qu’en présentiel », selon le LET. Dans les faits, 89 % des séances en visio ont abouti à une prescription (médicamenteuse ou non) contre 80,7 % en consultation classique, pour les seules ordonnances de médicaments. Au final, moins de 10 % des téléconsultations ont abouti à une orientation du malade vers une autre consultation physique.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes