Un collectif de pharmaciens et le Planning familial auxquels s'associent quelque 80 signataires dont des médecins comme Martin Winckler, Dominique Dupagne ou encore Baptiste Beaulieu, ont adressé une lettre ouverte à plusieurs laboratoires pharmaceutiques* pour réclamer « la mise sur le marché d'une pilule contraceptive sans ordonnance ». Une copie a été envoyée à l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) et à l'Agence européenne du médicament (EMA).
L'exemple américain
L'initiative baptisée #libérezmapilule s'appuie sur des recommandations du Collège américain des gynécologues obstétriciens de 2012 en faveur de la vente des pilules contraceptives sans ordonnance. Le Collège « soulignait ainsi l’existence d’un grand nombre de preuves montrant que les femmes sont capables d’évaluer si l’utilisation de la pilule contraceptive est possible en répondant à un questionnaire avec l’aide d’un pharmacien », indiquent les signataires.
Les gynécologues américains « insistaient pour rappeler que la prescription d’une pilule contraceptive ne nécessite ni le dépistage d’une IST (infection sexuellement transmissible) ni le dépistage d’un cancer du col de l’utérus ou du sein. Quant au risque d’embolie, il est très inférieur à celui qu’encourt une femme enceinte », soulignent-ils.
De plus, indiquent-ils, « la délivrance d’une pilule sans ordonnance est déjà une réalité dans de nombreux pays » notamment en Russie, en Turquie, au Portugal, dans la plupart des pays d'Amérique du Sud et dans quelques pays d'Afrique et d'Asie. Là où une prescription est nécessaire, « des aménagements existent pour permettre la délivrance par le pharmacien d’une pilule sans ordonnance. Comme au Québec où le pharmacien peut proposer une contraception hormonale pour une durée de 3 mois en plus d’une contraception d’urgence ».
Il est regrettable, selon eux, « de constater qu'en Europe et en France cette avancée pour le droit des femmes à disposer d'un accès facilité à la contraception est au point mort » rappelant qu’un laboratoire français HRA Pharma a déjà déposé un dossier dit de Switch OTC auprès de la FDA aux États-Unis pour obtenir l’autorisation de commercialiser une pilule contraceptive sans ordonnance : la pilule dite progestative.
Une pilule progestative sans ordonnance avant le 8 mars 2018
Symboliquement, les signataires demandent « un engagement public » avant la prochaine journée internationale des droits des femmes. « Par ce courrier, nous vous demandons de vous engager publiquement à déposer auprès de l’ANSM ou de l’Agence européenne (EMA) un dossier d’autorisation d’AMM pour une pilule progestative sans ordonnance avant le 8 mars 2018, Journée internationale des droits des femmes », précisent-ils. Ils demandent aussi à l’ANSM ou à l’EMA « d’accueillir avec bienveillance cette demande et de s’assurer de la mise en place des outils de formation nécessaires au bon usage de cette pilule contraceptive ».
Laurence Rossignol, ministre des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, a d'ores et déjà soutenu l'initiative.
Je soutiens la délivrance sans ordonnance et sur conseil des pharmaciens de la pilule progestative.#LiberezMaPilule https://t.co/o79aLVBey8
— laurence rossignol (@laurossignol) 19 avril 2017
Pour Mahmoud Zureik, directeur scientifique et de la stratégie européenne de l'ANSM qui avait coordonné l'étude conjointe de l'agence et de l'Assurance-maladie sur l'évaluation du surrisque thrombo-embolique des pilules de 3e et 4e génération, une telle mesure serait prématurée : « D'un point de vue réglementaire, la contraception orale nécessite une prescription médicale qu'il est prématuré de vouloir supprimer. Il y a toujours un risque thrombo-embolique à évaluer chez chaque patiente, et cette visite est l'occasion d'aborder les différents modes de contraception. »
* MSD, Majorelle, Biogaran, Teva, Mylan, Sanofi (Zentiva), Effik, Pierre Fabre, Besins International, Pfizer, HRA Pharma, Novartis (Sandoz), Bayer Healthcare et Janssen.
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