Paris Healthcare Week : pas (encore) d'annonces mais Buzyn rassure les hospitaliers

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Publié le 29/05/2018
Buzyn paris healthcare

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Crédit photo : S. Toubon

Il y a un an, Agnès Buzyn apprenait, lors de la Paris Healthcare Week (PHW), sa nomination avenue de Ségur. Cette année, c'est du haut de son statut de ministre de la Santé qu'elle inaugurait le salon hospitalier.

Entre la grogne des personnels hospitaliers, le projet de réorganisation des urgences et une réforme de transformation du système de santé qui se fait attendre, Agnès Buzyn était attendue sur tous les fronts, ce matin, pour son discours d'inauguration.

« Audace et volontarisme », tels sont les mots de Frédéric Valletoux pour résumer les attentes de la communauté hospitalière à l'égard du gouvernement. Invité à s'exprimer juste avant la ministre, le président de la FHF a insisté sur la nécessité d'une véritable concertation en vue de la transformation du système de santé. 

Responsabilité et PDS

Celui qui est également maire (Les Républicains) de Fontainebleau (Seine-et-Marne) a appelé de ses vœux la constitution d'une « conférence annuelle de consensus avec tous les acteurs de santé » afin de préparer le prochain budget de la Sécurité sociale (PLFSS). Par ailleurs, il a regretté d'avoir été « trop peu » sollicité par le gouvernement pour plancher sur les fondements de la réforme du système de santé. Mais, bon élève autoproclamé du chantier sur l'organisation territoriale des soins, Frédéric Valletoux a annoncé une expérimentation sur cinq territoires (les Deux-Sèvres, la Cornouaille, le Douaisis, la Haute-Saône et l’Aube) en matière de responsabilité populationnelle, grand dada de la FHF. « C’est tout simplement l’idée de faire travailler ensemble, indépendamment de leur statut, tous les acteurs qui interviendront pour répondre aux besoins d’un patient et d’une population », a-t-il résumé.

Le patron des hôpitaux publics en a profité pour rappeler l'une des ritournelles de la fédération :  la remise en question du volontariat des médecins libéraux dans la permanence des soins. « Tous les acteurs de santé financés par de l’argent public (et qui ne l’est pas ?) ont le devoir de dépasser leurs intérêts propres pour s’engager dans le cadre de cette responsabilité collective, a-t-il expliqué. Qui peut comprendre aujourd'hui que tous les médecins sur un même territoire, et quels que soient leurs statuts, ne participent pas à la permanence des soins ? On ne pourra plus faire longtemps encore l'économie de répondre à cette question. »

Chantage des médecins intérimaires

À ce stade, la ministre n'a fait aucune annonce malgré les espoirs des hospitaliers, venus l'écouter en masse. Souffrant d'une extinction de voix, elle a rappelé dans un chevrotement que le président de la République « se prononcera prochainement sur les orientations de l'hôpital et du système de santé de demain ». Son discours s'est surtout voulu rassurant. « Je veux affirmer aujourd'hui mon soutien à la communauté hospitalière dans son ensemble et dans sa diversité », a-t-elle déclaré devant un parterre qui regroupait toutes les têtes pensantes de l'hospitalisation française. L'occasion aussi pour Agnès Buzyn de faire son mea culpa après ses propos maladroits à l'égard des managers d'EHPAD en décembre dernier. « En aucun cas je ne souhaite opposer les directions aux équipes médicales, au contraire, je veux encourager le dialogue entre tous les acteurs du système de santé. » En gage de sincérité – et sans doute également pour rétablir l'équilibre – la ministre s'est même permis d'égratigner les médecins remplaçants frondeurs. « Cette attitude est irresponsable de la part de professionnels de santé et je demande aux établissements et aux ARS de ne céder à aucune forme de chantage », a tancé Agnès Buzyn.

Côté promesses, la ministre s'est montrée très timide. Elle s'est contentée de vanter son bilan (dégel des crédits hospitaliers et hausse de l'ONDAM) et de rappeler les orientations données au projet de transformation du système de santé. « Je souhaite des financements au parcours ou au forfait », a-t-elle notamment rappelé au sujet de sa volonté de réduire la tarification à l'activité (T2A). Seule annonce concrète, la locataire de Ségur s'est engagée à veiller à ce que le déploiement de la télémédecine soit effectif dans les hôpitaux « dans les mêmes délais d'entrée en vigueur » qu'en ville.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr