C'est le paradoxe du plan vendu par l'Élysée sous le slogan inclusif « Ma Santé 2022 ». Point de loi fourre-tout vouée à hériter du nom du locataire de Ségur (Bachelot à droite, Touraine à gauche) mais une cinquantaine de mesures – législatives, conventionnelles, statutaires – qui devraient reconfigurer durablement le système de santé.
Qu'on en juge. Le menu programmé (page 2 à 4) prévoit la suppression du numerus clausus et de la PACES dès 2020 ; un nouveau maillage des soins (autour de 1 000 communautés professionnelles territoriales – CPTS – et de 600 hôpitaux de proximité labellisés et ouverts sur la ville) ; 4 000 assistants médicaux pour épauler les praticiens libéraux regroupés ; les premières briques d'une réforme des financements au forfait et à la qualité pour sortir de la course aux actes ; sans oublier un saut digital avec espace numérique de santé individuel, généralisation de la e-prescription et des prises de rendez-vous en ligne.
Dans les murs de l'hôpital, la feuille de route entre dans le vif des carrières avec des mesures attendues comme le statut unique de PH, le contrat unique pour l'emploi contractuel mais aussi la réhabilitation du service hospitalier ou le renforcement des commissions médicales d'établissement. Surprise du chef, l'Élysée a ajouté in extremis une mesure exceptionnelle palliative : le salariat de 400 généralistes par des centres hospitaliers de proximité ou des centres de santé dans les territoires « critiques ». Avec un avertissement : si la réorganisation territoriale échoue, le débat sur la coercition reviendra.
Cette stratégie est un pari. Son succès dépendra de la mobilisation territoriale des libéraux et des hospitaliers et, de ce point de vue, les premières réactions du secteur sont encourageantes (page 5). L'élaboration des projets de santé de territoire ville/hôpital aura valeur de test. Au-delà, la réorganisation des établissements qui se profile s'accompagnera de reconversion de services et d'activités, de synergies et de révision des seuils d'activité, qui constituent autant de bombes à retardement.
Conscient de ce défi, l'exécutif a mis un peu d'huile dans les rouages en annonçant – c'est la bonne surprise – des dépenses maladie (l'ONDAM) relevées à 2,5 %. Le message est clair : cette stratégie ne cache pas une cure d'austérité pour la santé de type plan Juppé mais se veut un investissement d'avenir.
Interview d'Agnès Buzyn, réactions des syndicats, décriptage du plan... lire notre dossier Plan Santé 2022
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