Le cadrage est serré, comme pour un appel via Skype. Vêtu d’un polo blanc, écouteur et micro en serre-tête, le Dr Axel Rhode apparaît devant un arrière-plan composé d’un simple mur blanc. Aujourd’hui, ce médecin généraliste suédois téléconsulte, en vidéo, depuis… Le XIIe arrondissement de Paris !
Comme la France s'apprête à le faire le 15 septembre, la Suède a généralisé la pratique de la télémédecine voilà deux ans. L'entreprise suédoise Kry, spécialiste des téléconsultations et du téléconseil, est l'une des six plateformes numériques autorisées par les pouvoirs publics à se partager le marché de la télémédecine – on compte également le groupe de cliniques Capio, lui aussi suédois. Kry salarie le Dr Axel Rhode et 300 confrères de toutes spécialités, qui ont déjà mené 350 000 consultations. Les médecins sont payés à l'heure selon le salaire horaire pratiqué dans les hôpitaux suédois, avec une variable selon leur expérience et leur spécialité.
Pour le Dr Rhode, la télémédecine est une opportunité. « Pour des raisons familiales, j’ai suivi mon épouse en France, explique le Dr Axel Rhode. La télémédecine me permet d’exercer ma profession depuis un bureau que j’ai aménagé dans notre appartement mais je pourrais tout aussi bien me trouver dans une maison de campagne ou en Suède », explique ce médecin âgé de 38 ans.
Pas d'examen d'infection auriculaire
Afin d’établir son emploi du temps, le Dr Rhode s’engage chaque mois sur un nombre d’heures et un planning. « Nos services sont ouverts de six heures du matin à minuit. Nous n’avons pas vraiment de problèmes pour les soirs et week-end car certains médecins, notamment des mères de famille qui s’occupent de leur enfant la journée, demandent à travailler en décalé. Par ailleurs, en cas d’afflux inattendu de demandes, nous faisons appel à notre communauté de médecins qui se révèle très réactive et solidaire », assure le Dr Joakim Röstlund, directeur des affaires médicales de Kry en Suède.
Après un petit questionnaire médical, le patient est invité à régler en avance à Kry 250 couronnes suédoises – environ 25 euros, correspondant au reste à charge défini par la loi (l’assurance-maladie verse également 400 couronnes, soit 40 euros à la société de télémédecine). Le patient est orienté vers un médecin dont la spécialité (généraliste, dermatologue, pédiatre) correspond aux symptômes décrits. « Si je suis en mesure de poser un diagnostic et de téléprescrire, je le fais. En revanche, si le patient présente des symptômes qui nécessitent un examen plus approfondi, je le renvoie vers une clinique physique et rembourse sa téléconsultation », explique le Dr Rhode.
Le médecin dispose sur son écran d'une vue du dossier médical personnalisé du patient et d’une messagerie sécurisée qui permet de solliciter l’avis un confrère. Il n’a pas le droit de prescrire des narcotiques et s’interdit tout examen d’infection auriculaire car la qualité actuelle des images ne permet pas de garantir un bon diagnostic. Ils doivent également conserver une activité en cabinet. La suite ? « Nous n’avons pas encore la possibilité de transférer un patient, par exemple, du généraliste vers le dermatologue mais on y travaille pour apporter la réponse la plus rapide et la plus éclairée », soutient-on chez Kry.
Quant au développement d'une filiale française, Kry s'y prépare avec ardeur. « Le modèle suédois du paiement des médecins sera-t-il exportable en France ? Peut-être peut-il intéresser des médecins libéraux qui ne veulent pas passer leur semaine entière au cabinet ? Nous sommes agiles et nous saurons nous adapter le moment venu », promet Jonathan Ardouin, le directeur général de Kry France.
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