L’enthousiasme et l’appétence des Français pour les nouvelles technologies en santé ne se retrouvent pas forcément au même niveau chez les professionnels de santé, qui semblent tarder à se saisir des opportunités offertes. Selon le dernier baromètre d’Odoxa* sur les « nouveaux usages en santé », plus des trois quarts des Français pensent que le développement du digital dans la santé améliorera, plutôt qu’il ne détériorera, la coopération et les relations interprofessionnelles entre les personnels soignants (77 %), l’implication des patients dans le suivi du traitement (74 %) et leur observance des traitements et prescriptions (78 %).
Ils sont également 61 % à considérer que le numérique en santé renforcera la qualité de la relation entre patients et soignants, contre 37 % à estimer que le « recours à la technologie déshumanisera cette relation en rendant les choses plus mécaniques ». Les Français comptent également sur ces technologies (73 %) pour « dégager du temps » aux soignants pour discuter entre eux des patients.
Du temps gagné qui ne bénéficie pas à la relation entre patient et soignants
Les professionnels de santé apparaissent moins optimistes quant aux opportunités offertes par les progrès technologiques. Seuls 54 % des directeurs d’hôpital estiment par exemple que le recours au numérique améliorera la qualité de la relation entre patients et soignants et même 42 % que le développement technologique détériorera cette relation. Si une majorité de directeurs et médecins s’accordent sur le temps gagné grâce aux technologies, 26 % des directeurs et 29 % des médecins pensent le contraire. Ils ne sont par ailleurs pas convaincus que le temps gagné bénéficiera à la relation entre patients et soignants : 40 % des directeurs et 52 % des médecins n’adhèrent en effet pas à cette idée.
Ce décalage entre les professionnels de santé et la population se retrouve dans les recommandations et l’usage d’outils et de services numériques. En effet, si les Français sont prêts à ce que leur médecin leur recommande ce type d’outils pour le suivi de leur affection, les médecins sous-estiment cette propension : ils évaluent en moyenne à 38 % la part de leurs patients prêts à ce virage numérique. De même, les Français sont d’accord pour que leur médecin accède à leur dossier via un smartphone (61 %) et le modifie (43 %) alors que respectivement 17 % et 16 % des médecins le font seulement. L’adoption de ces nouvelles technologies par les professionnels de santé se révèle ainsi un « travail de longue haleine » estime Stéphane Seiller, directeur par intérim de l’ASIP Santé (l’Agence française pour la santé numérique). « Entamé en 2012, ce travail commence à porter ses fruits. Le nombre de messages transmis chaque mois par un outil sécurisé, par exemple, est passé de 50 000 en 2016 à 500 000 en janvier dernier. »
* Enquête réalisée pour MNH GROUP (actionnaire du « Quotidien »), Orange Healthcare et l’ASIP-Santé par Internet du 7 au 19 mars 2018 auprès d’un échantillon représentatif de la population française, de 322 médecins et de 176 directeurs d’hôpital.
Transition de genre : la Cpam du Bas-Rhin devant la justice
Plus de 3 700 décès en France liés à la chaleur en 2024, un bilan moins lourd que les deux étés précédents
Affaire Le Scouarnec : l'Ordre des médecins accusé une fois de plus de corporatisme
Procès Le Scouarnec : la Ciivise appelle à mettre fin aux « silences » qui permettent les crimes