Malgré un contexte pesant lié à la loi de santé et aux contraintes réglementaires fortes, le climat a cessé de se dégrader chez les professionnels de santé. « La situation générale de la profession stoppe sa chute en restant stable cette année », constate l'Observatoire CMV Médiforce dans une enquête* rendue publique jeudi 31 mars.
Les libéraux s'accordent sur une note globale de 4,9 sur 10 contre 4,8 en 2014. La vision sur l'avenir de leur métier s'améliore légèrement (de 3,9/10 en 2014 à 4 en 2015). Par ailleurs, la moitié des praticiens sondés recommandent aux jeunes de s'installer en libéral, un chiffre en hausse de 3 points par rapport à 2014.
L'exercice libéral regroupé et le salariat séduisent
Toutefois, le contexte réglementaire inquiète toujours autant : 97 % des libéraux de santé sont préoccupés par les charges fiscales et 94 % par les contraintes administratives. Les inquiétudes économiques (baisse des revenus, des remboursements de soins et du pouvoir d'achat) touchent un praticien sur deux. L'Observatoire note également une « réelle aspiration » à des modes d'exercice moins solitaires, soit en se regroupant au sein d'un cabinet ou d'une maison de santé. Les projections sur cinq ans montrent que plus de la moitié des sondés souhaitent exercer en groupe contre 40 % en 2015. A contrario, l'exercice libéral « seul » ne séduirait que 53 % des praticiens contre 67 % actuellement. D'ici à cinq ans, 14 % des professionnels de santé se disent prêts à adopter le statut salarié.
Impact négatif de la loi de santé sur l'exercice
L'enquête réalisée entre novembre et décembre coïncide avec le vote de la loi de santé, fortement critiqué par la profession. « Alors que nous n'avions pas évoqué le sujet du tiers payant dans le questionnaire, certains des professionnels ont spontanément cité le tiers payant généralisé et les mutuelles comme facteurs négatifs pour l'évolution de leur métier », commente l'Observatoire. Les libéraux ont une vision négative unanime sur le futur rôle des mutuelles. 85 % des interrogés, majoritairement les généralistes (90 %) et les chirurgiens dentaires (97 %) estiment qu'elles auront un « poids grandissant dans l'orientation des dépenses de santé des patients » et que c'est une « mauvaise chose ». Autre point, un praticien sur deux exprime une opinion « favorable » au déconventionnement. Toutefois, ils ne sont que 3 % à envisager de sauter le pas.
L'e-santé s'impose de plus en plus
Les professionnels de santé s'adaptent aux évolutions de l'offre en santé. Ainsi, la télémédecine et les innovations technologiques se diffusent de plus en plus auprès des praticiens. En 2015, 59 % des sondés estiment que l'e-santé est présent dans la profession et 43 % dans leur cabinet. Concernant la télémédecine, cette année, la téléexpertise gagne du terrain, plus d'un quart des sondés l'utilisent régulièrement et plus de la moitié estiment qu'il l'utilisera un jour. A contrario, la téléconsultation semble rencontrer de plus fortes réticences puisque 40 % des praticiens estiment qu'ils ne l'utiliseront jamais. À noter que 21 % des médecins généralistes considèrent la télémédecine comme une « innovation susceptible d'avoir un impact positif sur l'exercice professionnel ».
* Enquête réalisée du 18 novembre au 8 décembre 2015 auprès de 486 professionnels de santé : médecins généralistes, chirurgiens-dentistes, vétérinaires, infirmiers, biologistes, radiologues, kinésithérapeutes-ostéopathes.
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