Après une année de flottement, la télésurveillance décolle enfin ! Lancée en 2018 dans le cadre du programme national ETAPES (Expérimentations de télémédecine pour l’amélioration des parcours en santé), cette pratique médicale à distance permet à un médecin d'interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical d'un patient.
En test jusqu'en 2022 en vue d'une généralisation, la télésurveillance porte sur cinq pathologies : insuffisances cardiaque, rénale et respiratoire chroniques, diabète (type 1 et 2) et prothèses cardiaques implantables (arythmie). Chaque télésurveillance nécessite une prescription médicale, l'accompagnement thérapeutique d'un médecin ou d'un autre professionnel de santé (par exemple un infirmier dans le cadre d'une délégation de tâche) et une solution technique (recueil des paramètres, algorithme) fournie par un industriel.
Chaque acteur est rémunéré avec un forfait semestriel variable selon le cahier des charges de la pathologie. Un cardiologue qui télésurveille un patient porteur de prothèse implantable percevra par exemple 65 euros par malade.
Le bilan du ministère de la Santé (DGOS) à fin août 2019 fait état de près de 31 000 patients inclus dans le programme : 1 070 diabétiques (17 solutions techniques), 2 200 insuffisants cardiaques (18 solutions), 428 patients insuffisants respiratoires (19 solutions) et 27 000 patients porteurs de prothèses cardiaques implantables (4 solutions). Ces 58 solutions techniques sont fournies par 80 industriels et prestataires de services. Pour Armelle Graciet, directrice des affaires industrielles du Syndicat national de l'industrie des technologies médicales (SNITEM), « les mises en route ont été longues » même si depuis le début de l'année 2019, « la courbe d'inclusion des patients progresse », a-t-elle détaillé lors d'un atelier consacré à la télésurveillance.
Des freins en ville
Mais pour développer cette pratique, des freins restent encore à lever. Le premier est d'ordre organisationnel. Les expériences de télésurveillance se font principalement dans les hôpitaux alors que leur développement en ville est souhaitable. « Même s'il peut y avoir une problématique de disponibilité du personnel pour assurer le suivi au quotidien des alertes, la délégation de tâches est plus facile à l'hôpital qu'en ville. Rien ne lie un cardiologue à une infirmière libérale. Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) et les maisons de santé peuvent être une solution », a ajouté Armelle Graciet.
L'autre frein est l'interopérabilité des systèmes d'information. « En cardiologie, on a une solution dans le cloud qui pourrait communiquer avec le système d'information de l'hôpital, mais le médecin préfère télécharger le document en PDF et l'archiver dans le dossier médical du patient », a regretté Bruno Regnault, directeur général d'Abbott. La culture médicale est donc elle aussi, dans une certaine mesure, à revoir.
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