Auditionnés dans le cadre de la commission d'enquête de l'Assemblée nationale sur l'égalité d'accès aux soins pilotée par le député Philippe Vigier (UDI), les directeurs des plateformes et sociétés de santé numérique, Qare, Médiveille et MédecinDirect ont expliqué qu'ils avaient une vraie carte à jouer pour combattre la désertification médicale. À condition que les autorités encouragent leur activité et ne leur mettent pas (trop) de bâtons dans les roues…
Le cadre et les règles du jeu de la télémédecine sont une source d'inquiétude. Les négociations visant à définir les conditions d'une tarification de droit commun pour les téléconsultations et la télé-expertise ont abouti, selon les responsables des jeunes pousses digitales, à un cadre trop strict.
Légitimité
François Lescure, président de MédecinDirect, société de téléconsultation par écrit, téléphone ou vidéo, regrette cette approche trop étroite. « La Sécurité sociale ne prévoit que la vidéo, mais que dire aux patients de 80 ans qui nous contactent par téléphone ? Et surtout qui n'ont pas d'ordinateur ? », suggère-t-il.
Le Dr Alexandre Maisonneuve, généraliste et cofondateur de Qare, société de téléconsultation par vidéo (et téléphone au besoin), abonde en ce sens. « La téléconsultation ne sera facturable que si c'est par vidéotransmission, mais parfois il n'y aura pas assez de débit ! », met-il en garde. Des vidéos de mauvaise résolution et à bas débit seront source de perte de temps. Il réclame une séance spécifique de négociation avec la CNAM pour « trouver la place de tous les acteurs de la télémédecine ».
Souvent décriées par les syndicats et l'Ordre, les plateformes de téléconsultation estiment avoir gagné leur légitimité. Après sept ans d'expérience MédecinDirect revendique son efficacité. « Dans 85 % des cas, nos médecins résolvent le problème avec le patient », assure François Lescure.
La géolocalisation au service des soins non programmés
La Mutualité française, auditionnée le même jour par la commission d'enquête sur l'accès aux soins, reconnaît le besoin des patients de services pratiques et l'émergence d'un nouveau marché. « Comme assureur santé (...), on a une demande très forte de financer et de mettre en place un service de téléconsultation de 1er accès et de 1er niveau, souligne Albert Lautman, directeur général de la Mutualité. On voudrait développer cela, il y a un vrai besoin mais les pouvoirs publics, les syndicats de médecins et l'Ordre sont un peu en retrait. »
La prise en charge des soins non programmés est un autre défi. Le Dr Cyrille Charbonnier, médecin généraliste, a lancé Médiveille en 2017, une appli de géolocalisation des médecins libéraux et maisons médicales de garde permettant d'accéder en temps réel à une offre médicale de proximité. Il lui a fallu quatre ans de travail pour construire son outil… Là encore, la recherche de financements publics et privés et la lourdeur des démarches administratives compliquent la tâche des praticiens les plus motivés.
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