Anticiper, prévenir et traiter. La santé numérique est « une arme supplémentaire pour diversifier notre offre de soins, notamment dans les déserts médicaux », a souligné, lundi soir, le ministère de la Santé, lors de la présentation par le gouvernement du plan d’accélération du numérique en santé. Un programme qui est, en réalité, la déclinaison des annonces du président de la République, lors de la réunion du Conseil stratégique des industries de santé (CSIS) en juin dernier. Ainsi, outre Olivier Véran, Frédérique Vidal pour l'Enseignement supérieur, Agnès Pannier-Runacher pour l'Industrie et Cédric O pour le Numérique : quatre ministres se sont rendus ce 18 octobre à la station F à Paris pour présenter un ensemble d’actions, financées à hauteur de 650 millions d’euros.
Une enveloppe qui s’ajoute aux deux milliards d’euros déjà alloués à la e-santé, dans le cadre du Ségur. Au total, le gouvernement a fixé 34 actions prioritaires, pour « faire de la France la première nation européenne en matière d’innovation santé et être le leader de la santé digitale en 2030 », décrypte une représentante du ministère de l’Industrie. Fin 2020, le marché du numérique en santé français pesait 4 milliards d'euros, avec « de grands champions français comme Doctolib », a insisté le secrétariat d'État au numérique.
Dans l'enveloppe, 81 millions d’euros seront alloués à la formation des professionnels de santé et des citoyens. D’ici à 5 ans, 210 000 étudiants en santé et médico-social seront formés à la e-santé, dans 36 universités, précise la délégation du numérique en santé (DNS). La santé digitale sera ainsi désormais incluse dans les maquettes des cours. Par ailleurs, 1 500 ingénieurs pourront également intégrer un nouveau master, en santé numérique. Un master 2 de droit de la santé numérique sera également créé pour les juristes.
Fracture numérique
Au-delà de la formation initiale à ces technologies, le gouvernement entend par ailleurs soutenir la formation continue pour les professionnels de santé. Le tout en comblant la fracture numérique des patients pour améliorer l’accès au soin. « Si votre patient diabétique est mieux suivi à distance, forcément cela va aboutir à une meilleure prise en charge, fait valoir le ministère de la Santé. C’est tout l’enjeu du numérique en santé : ne pas éloigner du système de santé mais créer un lien continu pour éviter une aggravation par défaut de soin. »
Dans ce « continuum d’actions qui vise à développer la filière et à transformer la médecine », selon la DNS, plus de 400 millions d’euros sont consacrés directement au soutien industriel. Start-up, dispositifs médicaux connectés… 202 millions seront alloués à la « maturation des projets » et au financement de la recherche et développement, dont la moitié pour l’imagerie médicale, « qui connaît un bond technologique spectaculaire ».
Évaluation clinique
Une fois le projet industriel développé, la stratégie gouvernementale viendra ensuite appuyer le financement de l’évaluation clinique de ces technologies, à hauteur de 168 millions d'euros. Aussi, la DNS annonce la création de « tiers lieux d’expérimentation de l’organisation de soin », avec pour idée de tester un dispositif médical in situ, au plus près des patients, et comprendre comment celui-ci peut avoir un impact, par exemple, sur l’organisation d’un cabinet médical. Une trentaine de centres d’expérimentation de soin seront créés pour « intégrer pleinement la médecine de ville » dans l'évaluation de ces technologies.
« C’est un soutien inédit, qui va faciliter la vie des entreprises et permettre aux start-up de prendre leur envol », se félicite le ministère de la Santé, rappelant que l’une des difficultés des entrepreneurs « est de mener à bien des évaluations cliniques, trouver du personnel formé, mais aussi comprendre comment fonctionne le système de remboursement en France ». Alors que les industriels se plaignent continuellement de la longueur de l'attente pour accéder au marché, 35 millions supplémentaires seront consacrés à la « réussite du projet à grande échelle », avec pour objectif notamment de simplifier l’accès au remboursement.
Dans ce sens, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2022 devrait permettre un accès anticipé au remboursement pour les dispositifs médicaux numériques jugés innovants. « Ce dispositif permettra de faire gagner un temps précieux aux entrepreneurs sur les délais d’accès au remboursement, en offrant une prise en charge dérogatoire, en parallèle des démarches administratives pour un remboursement en droit commun », estime le ministère de la Santé.
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