Dans un entretien aux « Échos » publié ce vendredi, Marisol Touraine dévoile les grandes lignes du plan d’économies pour l’assurance-maladie. La ministre estime que dégager 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires en trois ans est réaliste dès lors qu’il y aura des « réformes de structure », le statu quo étant jugé « impossible ». L’objectif affiché est de réaménager le système de soins pour le rendre « plus efficace et donc moins coûteux », « plus simple, plus proche et mieux organisé ».
Pas de système low cost
Sur ces bases, l’effort demandé sera « progressif », Marisol Touraine affirmant que les économies « vont s’amplifier avec le temps ». Dès 2015, la progression des dépenses maladie sera limitée à 2,1 % (contre 2,4 % en 2014), puis à 2 % en 2016 et à 1,9 % en 2017, ce qui représente un effort sans précédent.
Côté garanties, Marisol Touraine assure une nouvelle fois que les patients ne seront « ni moins bien soignés ni moins bien remboursés ». Aucune nouvelle franchise ne sera créée. « Les réformes que j’engage n’aboutiront pas à un système de santé "low cost" », promet-elle.
Les 10 milliards d’euros d’économies, explique Marisol Touraine aux « Échos », se répartiront de la façon suivante : un effort conséquent sur le médicament, poste le plus sollicité (3,5 milliards d’euros en trois ans par le biais de baisses de prix et génériques) ; la montée en charge de la chirurgie ambulatoire dans le secteur public (1 milliard environ) ; la rationalisation du fonctionnement et de l’organisation des hôpitaux (2 milliards sur les achats et la mutualisation des fonctions supports - informatique, blanchisserie...) ; la diminution des prescriptions et actes inutiles ou redondants (pour 2,5 milliards d’euros, les « radios et analyses médicales faites deux fois » étant citées par la ministre). Enfin 1 milliard est attendu avec la lutte accrue contre les fraudes.
Diminuer le recours aux médecins intérimaires à l’hôpital
Marisol Touraine ne donne guère de détails sur les mesures concrètes. Tout juste précise-t-elle à nouveau que « dès 2016, une opération sur deux pourra être réalisée en ambulatoire » et que « des objectifs seront fixés par région et par pathologie » (pour l’opération de la cataracte, l’objectif serait de 100 %). Des programmes régionaux seront mis en œuvre pour accompagner les sorties d’hospitalisation. Dans un autre registre, des mesures seront prises pour résorber le « recours excessif aux médecins intérimaires, qui coûte trop cher aux établissements publics ».
Marisol Touraine évoque aussi la mise en place de « listes de médicaments recommandés » établies par les médecins, pour chaque spécialité. Une campagne d’information est envisagée afin de « dissiper les doutes qui subsistent sur la qualité des génériques ».
La CSMF a aussitôt dénoncé un « plan totalement inique et inacceptable », regrettant que le gouvernement « exerce une plus forte pression sur la médecine de ville » via l’encadrement des prescriptions. « En imposant une médecine normative et le rationnement des prescriptions, le gouvernement prend le risque de modifier la relation médecin/patient et la qualité des soins », déplore le syndicat.
Mise à jour : le LEEM (les entreprises du médicament) n'ont pas tardé à réagir aux projets d'économies de Marisol Touraine. Dans un communiqué, les industriels dénoncent une « régulation punitive » et demandent au gouvernement de changer de cap.
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