LE QUOTIDIEN - Comment expliquez-vous que les dépenses de soins de ville aient été inférieures de 850 millions d’euros aux prévisions en 2012 ?
DR MICHEL CHASSANG - Le concept de maîtrise médicalisée passe mieux auprès des médecins. La rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP), lancée l’an dernier porte ses fruits. L’informatisation des cabinets, source de simplification et d’efficience, est passée de 50 % à près de 80 % en une année ! Les médecins libéraux ont modifié leur comportement. On ne peut que saluer leur esprit de responsabilité. D’autres facteurs ont joué comme la démographie médicale en baisse ou la crise qui entraîne un report de soins.
Ces résultats ouvrent-ils des perspectives pour la médecine libérale ?
Oui, il y a une opportunité à saisir. Les soins de ville coûtent moins cher et sont plus vertueux que l’hôpital. Et les gens préfèrent être soignés chez eux. Ces excellents résultats devraient inciter le gouvernement, dans le cadre de la stratégie nationale de santé, à favoriser les alternatives à l’hospitalisation et le maintien à domicile, bref à “déshospitaliser?? comme l’ont fait de nombreux pays dans le monde.
Existe-t-il une fenêtre de tir pour relancer ses négociations tarifaires ?
Très clairement. Les marges de manœuvre dégagées en 2012 doivent être utilisées en faveur de la médecine de ville. Je pense à la refonte de la nomenclature clinique. Il faut faire en sorte que les consultations les plus difficiles soient les mieux rémunérées. L’avenant 8 ne contient pas que des mesures sur les dépassements excessifs. Il va revaloriser les honoraires en secteur I au 1er juillet et il ouvre d’autres perspectives. Nous devons nous mettre autour de la table avec l’assurance-maladie pour négocier sur la médecine de proximité. Profitons de cette occasion pour favoriser le regroupement des médecins et la rémunération du travail en équipes pluridisciplinaires.
Allez-vous demander une hausse du tarif de la consultation ?
Après le succès du ROSP, il faut passer à la revalorisation des actes. Nous n’allons pas continuer à pratiquer avec des tarifs aussi bas. Nous militons pour une hiérarchisation des consultations avec une priorité sur les actes à haute valeur ajoutée. Ces dernières années, des majorations ont été créées pour les consultations des nourrissons et des enfants de 2 à 6 ans, les visites longues ou le dépistage des dermatologues et gynécologues. Au 1er juillet 2013, les consultations des personnes âgées de plus de 85 ans seront revalorisées de 5 euros. Il faut aller plus loin avec le C3 accessible (69 euros) à tous les médecins.
Il est plutôt question de baisser les tarifs des radiologues et biologistes...
Il est inconcevable que des baisses de tarifs en radiologie et en biologie soient de nouveau programmées alors même que l’ONDAM a été respecté ces trois dernières années. Cela n’a pas de sens. Enfin, il faut restituer aux médecins libéraux les 75 millions d’euros qui ont été « piqués » sur les fonds conventionnels pour réaliser leur formation continue...
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