Le Dr Françoise Roudot-Thoraval détaille les stratégies à mettre en œuvre en France. « C’est la première analyse de ce genre qui établit comment les services nationaux de santé et les gouvernements des pays peuvent travailler pour éliminer une maladie dans un délai prévisible. » Tel est le commentaire du Pr Graham Foster, rédacteur en chef de la revue Journal of Viral Hepatitis, à propos de l’article de H. Wedemeyer et col. – « Strategies to manage hepatitis virus disease burden » – paru dans la livraison du 9 avril, en amont du 49e congrès annuel de l’Association européenne pour l’étude du foie (EASL, 9-13 avril, Londres).
Augmenter les accès au traitement au-delà de 75 ans
Selon le Dr Françoise Roudot-Thoraval (CHU Henri-Mondor, Créteil), un des contributeurs français de l’étude, « Actuellement, en France, nous sommes les meilleurs en Europe du point de vue de l’efficacité des traitements de l’hépatite C ». Il faudrait, en revanche, augmenter l’accès au traitement. « Il existe des personnes âgées, de plus de 75 ans, les transfusés de longue date, qui sont en bon état physiologique. Les traiter serait intéressant car cela permettrait d’éviter chez eux les complications de la cirrhose », explique-t-elle.
Actuellement, en effet, classiquement, tous les protocoles s’arrêtent en France, à 70, voire parfois 74 ans. Dans les autres pays, on ne traite plus les patients à partir de 65-70 ans. « Maintenant que de nouveaux traitements, avec moins d’effets secondaires vont être disponibles, ces patients âgés pourront être traités plus longtemps qu’avec l’interferon », souligne le Dr Roudot-Thoraval.
D’autre part, les recommandations françaises préconisent actuellement de traiter les sujets ayant une « fibrose significative », c’est à dire à partir du score F2, les autres malades au stade F0 et F1, « ayant le temps d’attendre et ne constituant pas une urgence ». L’idée de l’article de Wedemeyer est de montrer qu’après avoir traité les patients F2, F3, F4, qui représentent entre 40 et 45% de la population des malades, il sera possible d’ouvrir le traitement à un spectre plus large de patients ayant un score de fibrose moins important.
« Par ailleurs, beaucoup d’usagers de drogue actuels n’arrivent pas aux soins, ajoute Françoise Roudot-Thoraval. Un autre challenge est donc de parvenir à amener ces toxicomanes, mal dépistés ou mal pris en charge, à être traités pour éviter qu’ils ne se réinfectent. La question se pose à ce propos de faire ou non un “test and treat” à l’anglaise pour tous les usagers de drogue (les tester pour le VHC et tout de suite les traiter quel que soit leur niveau de fibrose pour arrêter la chaine de contamination entre toxicomanes). »
La deuxième voie d’éradication de l’hépatite C passe par l’augmentation de l’efficacité thérapeutique grâce aux nouveaux médicaments. Les antiviraux directs vont permettre des durées de traitement plus courtes (12 à 24 semaines contre un an actuellement) et unebien meilleure tolérance. « En combinant ces deux voies, on devrait arriver à éradiquer en France l’hépatite C vers 2024 », conclut le Dr Roudot-Thoraval.
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