Chikungunya à la Réunion

Une expérience difficile et angoissante

Publié le 27/03/2015
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En 2005, la Réunion faisait face à la première épidémie de chikungunya d’envergure. Dix ans plus tard, le Dr Patrick Gaillard témoigne.

Chikungunya, Dengue ou encore Ebola … Faute d’avoir pu être enseignées sur les bancs de la fac, les maladies infectieuses émergentes?imposent aux médecins qui y sont confrontés de se former « sur le tas », souvent dans un contexte de crise. Un exercice loin d’être évident comme en témoigne le Dr Patrick Gaillard, généraliste sur l’île de la Réunion et responsable recherche au département de médecine générale de Saint-Paul.

En 2005-2006, la Réunion est confrontée à la première épidémie de chikungunya, une affection alors quasiment inconnue. Vivre une épidémie de maladie émergente, en tant qu’acteur de santé de première ligne, a été une expérience enrichissante, bien que difficile et angoissante, se souvient le Dr Gaillard : « sans moyen diagnostic, sans autre arme que le paracétamol et notre bon sens, nous avons dû, faire face à la douleur des patients, très intense et invalidante, à des états de santé très altérés, puis au stress considérable de la population lors des premiers décès ». Les cabinets généralistes ne désemplissaient pas alors même que les médecins ne savaient pas comment intervenir. « Informés par les médias avant de l’être par le Ministère de la Santé et l’Agence Régionale de Santé, nous avons été désemparés et démunis dans un premier temps et personne ne s’est soucié de nous, les généralistes ».

Manque de considération

Système D oblige, ils se sont serré les coudes, avec l’aide de quelques services hospitaliers. « Le rôle du généraliste a été nettement sous-estimé, poursuit le Dr Gaillard. Nous avons été traités avec un manque de considération, même si personne n’a réellement compris ce qu’il était en train de se passer. Ce n’est qu’une fois l’épidémie passée, qu’on a pu mesurer l’ampleur des dégâts. »

« Chikungunya, Dengue, Ebola: que fait le médecin généraliste?? », vendredi 27 mars.
Bénédicte Gatin

Source : Le Généraliste: 2715