Une nouvelle molécule commercialisée aux Etats- unis depuis presque six mois permet de traiter 85% des infections aux bactéries résistantes aux antibiotiques de dernier recours pour lesquelles on ne dispose plus de traitement efficace. Elle devrait sortir en France d’ici la fin de l’année, ou en début d’année prochaine, selon le Dr Christian Cattoen (chef de service de microbiologie au CH de Valenciennes), qui a évoqué le sujet lors d’une conférence de presse annonçant les 60 èmes journées internationales de biologie (Paris ,22,23 et 24 juin, Paris Porte de Versailles).
Il s’agit d’un inhibiteur de carbapénémases, associé à une céphalosporine de troisième génération, l’avibactam-ceftazidime (Avycaz aux Etats Unis). Il agit sur les sérines actives contenues dans les carbapénémases, qui sont les enzymes responsables de la résistance aux carbapénèmes (antibiotiques de dernier recours).
Sa mise sur le marché est en France en cours de négociation, notamment sur le plan tarifaire. Ce traitement est en effet très cher (12 000 dollars pour un traitement complet sur 5 jours). Le prix élevé de ce médicament explique qu’il soit placé en indication de niche, pour les infections multirésistantes où le pronostic vital est engagé.
« Ce médicament fonctionne très bien sur les entérobactéries productrices de carbapénémases dont le mode de résistance est à carbapénémase « KPC » et « OXA 48 » souligne Christian Cattoen. Soit 85% des infections à entérobacteries productrices de carbapénémases en France.
« Pour éviter la survenue rapide de résistances à ce nouveau médicament , il faudra l’utiliser de façon très précise et ciblée, dans des indications très limitées », rappelle cependant le biologiste.
La montée en puissance des bactéries résistantes constitue un problème de santé publique à l’échelle de la planète. Pour faire face, il y a 20 ans, des antibiotiques, les carbapénèmes ont été developpées, mais les infections à entérobactéries résistantes à ces carbapénèmes constitue un phénomène en constante expansion. Fin 2015, l’InVS a enregistré un total de 2026 épisodes impliquant de telles entérobactéries avec une forte augmentation en 2014 (650 signalements) et 2015 (582 à la fin de l’été). Cette même institution a chiffré le nombre d’infections à bactéries multirésistantes sur le territoire en 2012 à 160 000 et 12 000 décès leur étaient cette même année attribuables.
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