Le fait que la future mère fume durant sa grossesse, un accouchement par le siège, le recours à la césarienne, naître prématuré, le faible poids de naissance, un score Apgar bas à 5 minutes, être de grande taille pour son âge gestationnel… Tous ces facteurs périnataux seraient associés à des risques accrus de souffrir de troubles obsessionnels compulsifs (TOCs). C’est ce que suggère une étude publiée dans JAMA Psychiatry le 5 octobre.
Une étude sur 2,4 millions d'enfants
Des travaux antérieurs avaient d’ores et déjà découvert un lien entre des complications pendant la période prénatale et divers troubles psychiatriques. De même, d’autres études ont montré que ces facteurs pourraient jouer un rôle dans la survenue de TOCs. Mais elles demeuraient de faible ampleur. Il était donc difficile pour les spécialistes de discerner les autres éléments environnementaux et génétiques qui puissent avoir un lien avec les TOCs.
Ces nouveaux travaux menés par des scientifiques de la Karolinska Institute à Stockholm ont analysé les données d’une cohorte qui inclut plus de 2,4 millions d’enfants nés en Suède entre 1973 et 1996. Ceux-ci ont été suivis jusqu’en 2013. Au total, 17 305 enfants ont été diagnostiqués pour des TOCs durant l’étude. Ils ont été dépistés à l’âge de 23 ans en moyenne et la proportion de femmes atteintes de TOCs était significativement plus élevée que celle des hommes (58,9 % par rapport à 41,1 %).
Plus il y a de facterus, plus il y a de risque
D’après l’analyse statistique, si la future mère fume 10 cigarettes par jour voire plus durant sa grossesse, cela augmente les risques pour le bébé de développer des TOCs à l’avenir (l’hazard ratio calculé est de 1,27). Le fait d’user moins de 9 cigarettes par jour présente seulement une faible hausse des risques. C’est néanmoins un score Apgar bas à 5 minutes qui montreraient une relation solide avec la survenue de TOCS (hazard ratio de 1,50). Par ailleurs, le fait que le bébé se présente par le siège (hazard ratio de 1,35) ou un faible poids de naissances aurait aussi un impact (hazard ratio de 1,30). Viennent ensuite, la prématurité (en particulier pour ceux nés avant 32 semaines de gestation) et le fait d’être de grande taille par rapport à son âge gestationnel (HR de 1,24 et 1,23). Enfin, le recours à la césarienne semble aussi avoir une légère corrélation avec le diagnostic de TOCs (HR 1,17).
L’élévation des risques demeurait pour l’ensemble de ces paramètres même après avoir pris en compte les facteurs environnementaux et génétiques partagés avec les frères et sœurs des malades. Les scientifiques ont également observé un lien entre le nombre d’évènements périnataux et la hausse des risques de TOCs. C’est-à-dire que ceux-ci augmentaient avec le nombre d’événements qui avaient lieu durant la grossesse ou lors de la naissance. Le hazard ratio passait de 1,11, si une seule éventualité se produisait, à 1,51 si 5 ou plus se réalisaient. De plus, la plupart de ces facteurs pourraient être liés avec d’autres troubles psychiatriques. Un faible poids de naissance a été notamment associé à l’ADHD et à l’autisme.
Environnement gestationnel défavorable, conséquences défavorables
Bien sûr, les mécanismes associant la survenue de TOCs et ces facteurs restent à identifier. D’autre part, l’étude est limitée car la cohorte analysée reste pondérée vers les cas les plus graves et ne représente donc pas la totalité des patients atteints. Certains manquent donc à l’appel. Malgré cela, ces résultats pourraient renforcer l’hypothèse de programmation fœtale qui prétend que lorsque le fœtus doit s’adapter à son environnement, cela peut mener à des effets délétères survenant plus tard dans son existence. En effet, un environnement gestationnel défavorable ou divers préjudices (comme une hypoxie ischémie ou la malnutrition) pourraient affecter le développement cérébral d’après certaines observations.
Les auteurs concluent en affirmant que leur découverte est importante pour mieux comprendre les causes des troubles obsessionnels compulsifs et peut donner des éléments pour des travaux futurs sur l’épigénétique.
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